Le président congolais, Joseph Kabila s’est rendu samedi à Kampala, la capitale de l’Ouganda où se déroulent depuis décembre les négociations avec le Mouvement du 23 mars (M23), pour chapeauter l’accord de paix proposé au M23. Est-ce la fin annoncée du conflit au Nord-Kivu ?
Kabila cède aux revendications du M23. Le président congolais a, pour la première fois depuis le début du conflit au Nord-Kivu en mai, fait des concessions allant dans le sens des revendications des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23).
« Kinshasa serait d’accord pour intégrer la troupe M23 dans l’armée nationale, jusqu’au niveau lieutenant. Pour les officiers au dessus ce serait du cas par cas, certains mutins se verraient plutôt proposer des reconversions dans le civil. Enfin, troisième catégorie, les grands chefs notamment ceux touchés par des sanctions onusiennes. Là encore ce serait du cas par cas, et l’éventualité d’une amnistie avec l’accord du Parlement », rapporte RFI.
En clair, Joseph Kabila répond point par point aux revendications initiales des mutins, ex-rebelles du Congrès national de défense du peuple (CNDP), en proposant à certains une réintégration dans l’armée nationale ou une reconversion dans le civil d’une part, et d’autre part, une amnistie avec l’accord du Parlement.
Nord-Kivu : la fin du conflit ?
Depuis mai 2012, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) affrontent, au Nord-Kivu (province de l’Est de la RDC), les mutins du M23, les ex-rebelles du CNDP.
Ces derniers avaient ainsi repris les armes pour protester contre la non application des accords de 2009. Avec cette proposition du président Kabila, l’état-major de la rébellion voit alors ses attentes de départ respectées.
Mais, cet accord, qui doit être signé le 15 mars à Kampala où se déroulent les négociations depuis décembre, ne prévoit de compromis seulement avec une partie du M23.
« Le gouvernement congolais serait prêt à signer avec le général Makenga. Avec l’autre camp, celui du général Bosco Ntaganda, aucun compromis n’est en vue, et là il s’agira de le combattre comme une force négative », indique RFI.
L’état-major du Mouvement du 23 mars a destitué son chef politique, Jean-Marie Runiga, pour avoir volé des fonds et soutenu une faction loyale à Bosco Ntaganda. Il devrait être remplacé par Sultani Makenga, le responsable militaire de la rébellion.
Cette division interne au sein de la rébellion pourrait compromettre ce possible compromis avec le président Joseph Kabila.
Accord d’Addis-Abeba : un problème ?
D’autant plus que rien ne dit que le Mouvement du 23 mars (M23) va l’accepter.
Par ailleurs, « Pour la branche la plus radicale de l’opposition congolaise, l’éventualité d’un accord entre le gouvernement et le M23 serait révélatrice d’un véritable complot contre la RDC », explique l’opposant Eugène Diomi Ndongala, porte-parole de la « Majorité présidentielle populaire », souligne RFI.
En outre, l’accord d’Addis-Abeba, conclu et signé samedi 24 février par onze pays africains de la Région des Grands Lacs, risque de déplaire à l’état-major de la rébellion. Parce qu’il prévoit de renforcer la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), en lui octroyant notamment le droit d’intervenir directement dans les combats.
Tous ces paramètres poussent à relativiser l’accord de paix proposé par Joseph Kabila au M23. En attendant la signature, le conflit au Nord-Kivu continue.