Au Congo-Kinshasa, le Rassemblement de l’opposition a appelé ce lundi 10 avril la population à protester contre Joseph Kabila, le non-respect de l’accord de la Saint-Sylvestre et la nomination – très controversée – de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre. Face aux risques d’une répression policière violente, la mobilisation a pris la forme de journées villes mortes, très suivies un peu partout dans le pays.
A Kinshasa, la capitale, ce lundi 10 avril, l’activité a tourné au ralenti toute la journée. Une circulation réduite et des commerces fermés ont achevés la peinture d’une ville à l’arrêt. « Les bureaux de l’administration publique ont été désertés pour la plupart », a observé RFI.
Une situation qui contrastait avec le déploiement massif des forces de l’ordre sur la voie publique dans le but de dissuader la population de descendre dans la rue. La journée durant, les véhicules anti-émeutes ont sillonné les principaux axes de la capitale.
Initialement, des manifestations étaient programmées pour cette nouvelle journée de mobilisation. Mais face aux risques de répression violente, les stratèges de l’opposition, avec à leur tête Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi, ont changé de stratégie. « Nous avons voulu éviter le carnage. Face au déploiement sécuritaire, nous avons transformé la marche en ville morte », a expliqué Martin Fayulu, l’une des figures emblématiques du Rassemblement, une plate-forme qui réunit la quasi-totalité de l’opposition RD congolaise.
Mots d’ordres de l’opposition suivis
Ailleurs, dans le pays le mot d’ordre de l’opposition a été très suivi. De nombreuses arrestations ont été signalées à Bukavu, Goma, ou encore à Lubumbashi, trois villes de l’Est du pays où le déploiement policier a été particulièrement important. La plupart sont des cadres ou des militants du Rassemblement, interpellés avant même le début des marches de protestation.
A la mi-journée, les porte-voix de la majorité présidentielle se sont empressés d’annoncer l’échec de cette journée de mobilisation contre Joseph Kabila. « C’est le pouvoir qui a échoué, obligé par un peuple sans défense à observer une journée ville-morte et ce, malgré l’armada sécuritaire », a sèchement répliqué André-Claudel Lubaya, ex-compagnon de route de Vital Kamerhe, rallié depuis à la cause du Rassemblement.
Avec la nomination de Bruno Tshibala, Joseph Kabila a certes encore gagné du temps au pouvoir. Mais au prix d’une impopularité croissante dans l’opinion publique et d’une marginalisation accrue sur la scène diplomatique. « Kabila se rêve en Nkurunziza. Il finira comme Compaoré », prédisait aujourd’hui un manifestant dans les rues de Bukavu.