Le Président de la RDC, Joseph Kabila, s’est exprimé, lors de sa première conférence de presse à Kinshasa depuis sa réélection contestée, il y a 5 ans. Le dirigeant a tiré sur la communauté internationale, sans oublier la mission de l’ONU dans son pays.
Joseph Kabila sort de mutisme. L’opportunité de ses 17 années de pouvoir a été saisie par le dirigeant rd-congolais pour offrir son premier point de presse, depuis cinq ans, s’il vous plaît. La rencontre avec les journalistes a eu lieu à Kinshasa. A la surprise générale ! Très remonté contre la communauté internationale, Kabila a visé, à bout portant, l’ONU, notamment sa mission en Rd-Congo.
Insistant sur sa souveraineté, en référence notamment au bras de fer diplomatique qui oppose la RDC à la Belgique, Kabila, qui est d’avis que « mon pays n’est pas à vendre, la RDC doit être respectée », insiste que « depuis quelques années, on vous dit tout, sauf la vérité ». Cherchant à rassurer ceux qui doutent de sa volonté de respecter le nouveau calendrier électoral, le chef de l’Etat se veut clair : « Le processus électoral est résolument engagé (…). On fera tout pour que les élections soient effectivement organisées. Et pas n’importe quelles élections : des élections libres et démocratiques, des élections organisées par les Congolais. Et pas des élections influencées par quelqu’un, un pays, ou un couple de pays , relève RFI».
L’opposition indexée, l’Eglise recadrée
Tentant de recadrer l’Eglise catholique qui, dit-il, doit se tenir loin du processus électoral, Kabila nargue : « Jésus Christ n’a jamais présidé une commission électorale. Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Quand on essaie de mélanger les deux, c’est dangereux. Le résultat est toujours négatif ».
Présentant ses condoléances aux familles des victimes des marches organisées par le comité laïc soutenu par l’Eglise, Joseph Kabila, indique RFI, pense que « notre mission sera de faire en sorte qu’on arrive à empêcher une fois de plus la perte en vies humaines mais pas nécessairement en empêchant les manifestations. En même temps, les organisateurs de ces manifestations doivent aussi répondre : est-ce qu’ils sont responsables de ces manifestations et, par ricochet, des résultats positifs et négatifs ? Au lieu que ce soit uniquement l’Etat congolais ».
« Je m’éclate quand je vois ceux qui prétendent défendre la Constitution », lance Joseph Kabila, qui insiste avoir été « le seul à battre campagne » en faveur de l’actuelle Constitution congolaise en 2005, contrairement à d’autres, « restés dans des bistrots ou dans les ambassades à Kinshasa ». Une référence, sans doute et entre autres, sans mentionner son nom, au principal parti d’opposition, l’UDPS de feu Etienne Tshisekedi, qui avait appelé au boycott, note RFI.
La MONUSCO dans le viseur
Revenant sur les élections de 2011, Kabila, qui avait modifié la Constitution en trois jours pour faire passer le scrutin à un tour au grand dam de l’opposition, pointe du doigt la MONUSCO, mission de l’ONU dans son pays, qui aurait refusé d’apporter son soutien logistique. Faisant feu de tout bois, la communauté internationale en a pris pour son grade, elle qui lui aurait demandé de sursoir à ce scrutin. « J’ai dit non », assène sèchement Kabila.
« Parce qu’après une vingtaine d’années, on a comme l’impression que c’est une mission qui a comme ambition de rester. Mais rester jusqu’à quand ? Comme si l’ambition c’est de considérer le Congo sous tutelle des Nations-Unies (…). On a toujours posé la question à nos amis de la MONUSCO : »citez-nous un seul groupe que vous avez réussi à maîtriser, à éradiquer, puisque c’est ça le mot ? » Aucun », note le chef de l’Etat qui s’est prêté à quelques selfies avec des journalistes présents, après une coupe de champagne.