Le Président sortant Joseph Kabila et le Vice-Président Jean-Pierre Bemba ont signé, mardi, sous la pression internationale, un accord de retrait de leurs troupes de la capitale Kinshasa. Mardi soir, les tirs à l’arme lourde avaient cessé et les soldats des deux camps avaient commencé à regagner leurs bases.
Le calme de retour à Kinshasa ? Après trois jours d’affrontements qui ont fait au moins une dizaine de morts, le Président sortant Joseph Kabila et le Vice-président Jean-Pierre Bemba ont signé, mardi soir, un accord qui prévoit notamment, avec « effet immédiat », le retrait de leurs troupes de la capitale de la République démocratique du Congo Kinshasa (RDC). Un premier texte avait déjà été signé lundi, mais il semble ne pas avoir été pris en considération.
Forte pression internationale
Les deux leaders politiques ont cédé à une forte pression internationale. Le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, la Mission des Nations Unies en RDC (Monuc), le ministre allemand des Affaires Etrangères Frank-Walter Steinmeier ou encore le représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana, ont appelé les deux hommes, qui participeront au second tour de la présidentielle prévu le 29 octobre prochain, à faire preuve de retenue et à retourner au dialogue pour faire cesser les combats. Le Conseil de sécurité des Nations Unies est allé plus loin demandant aux belligérants de mettre « immédiatement en oeuvre le cessez-le-feu conclu entre leurs forces et [qu’ils] s’abstiennent dorénavant de toute menace, intimidation ou usage de la force contre leurs rivaux politiques ou leurs partisans ». L’Eglise catholique s’inquiète, pour sa part, des risques de « guerre civile ».
L’accord de mardi a été signé dans les locaux de la Monuc par un « groupe de travail composé du ministre de la Défense, du chef d’état-major des Forces armées de RDC (FARDC), de l’inspecteur général de la Police nationale, du commandant de la Garde républicaine, du conseiller militaire du Président de la République, des officiers de la garde du Vice-président Bemba, de l’Eufor (force européenne), de l’Eupol (mission européenne de police) et de la Monuc », rapporte l’AFP.
En plus du retrait des troupes des belligérants, qui se sont engagés à respecter « scrupuleusement » l’accord, le document prévoit la création de « deux équipes mixtes de vérification pour assurer la mise en œuvre de cette consigne ». Elles comprendront des éléments de « la Monuc, d’Eufor, de la police congolaise, des FARDC, de la garde républicaine et de responsables de sécurité de M. Bemba », qui reste par ailleurs sous protection de la Monuc, selon une source onusienne citée par l’AFP.
Au moins trois morts mardi
Mardi soir, le retrait avait déjà commencé, à l’appel de Joseph Kabila et de Jean-Pierre Bemba, alors que les tirs avaient cessé dès l’après-midi. Toutefois, les heurts de la matinée auraient fait au moins trois morts parmi les éléments de la garde présidentielle tandis que l’on rapporte des décès au sein de la population. On craignait par ailleurs une propagation du conflit vers l’Est, notamment dans les communes de Masina et Ndjili, où des tirs sporadiques ont été entendus. Des pillages ont également été constatés, alors que des habitants du district de Gombe, point chaud des attaques, fuyaient leur demeure. Le trafic sur le fleuve Congo, reliant Kinshasa à Brazzaville (capitale du Congo), est interrompu depuis lundi et plusieurs vols internationaux ont été annulés depuis ce début de semaine. Mardi, les commerces de la capitale étaient fermés.
La Force européenne (Eufor), qui s’est vue renforcée, mardi, par une partie du contingent basé au Gabon, et la Monuc patrouillent dans le centre-ville pour s’assurer du respect du retrait des troupes. Quant à la police nationale, « seule chargée de l’ordre public », elle a repris, selon l’accord, « ses patrouilles en ville aux côtés de la Monuc, de l’Eufor et de l’Eupol (Mission européenne de police) ». Pas assez pour rassurer le porte-parole de Jean-Pierre Bemba, Germain Kabinga, qui estime que les Nations Unies devraient mettre en place une zone tampon entre les deux camps.
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