À dix-sept mois de la date prévue pour les IXes Jeux de la Francophonie, alors qu’on s’attendait à ce que le gouvernement congolais mette les bouchées doubles, c’est tout le contraire. Elles ne prennent pas toute la mesure de l’enjeu que représente l’organisation d’un événement sportif d’envergure internationale, comme les Jeux de la Francophonie, qui accueille pas moins de 3 000 athlètes issus de différents pays membres.
Pour rappel, les derniers Jeux à Abidjan en Côte d’Ivoire ont accueilli 3 500 participants, dont 2 500 concurrents, 43 États et gouvernements, 900 journalistes accrédités, dont 300 internationaux, 8 chefs d’État présents à la cérémonie d’ouverture et plusieurs représentants des États membres de la Francophonie.
Normalement, après le désistement du Nouveau-Brunswick au Canada, il revenait à un autre pays du Nord d’accueillir les IXes Jeux de la francophonie, conformément au principe sacro-saint de l’OIF qui veut que les Jeux soient organisés en alternance entre les pays du Sud et du Nord. Les villes de Sherbrooke au Québec et de Nantes en France, qui étaient pressenties pour prendre la relève, ont fini par renoncer, pour des considérations financières. L’OIF a dû se résoudre à piétiner le sacro-saint principe d’alternance pour se tourner à nouveau du côté des pays du Sud afin de sauver les Jeux de 2021.
En acceptant d’accueillir les Jeux de la Francophonie à Kinshasa, en moins de deux ans, alors que les statuts du Comité International des Jeux de la Francophonie (CIJF) prévoient une période de préparation de quatre ans, Félix Tshisekedi prenait là une responsabilité énorme et un défi qu’il se doit de relever, pour l’image de son pays. C’était sans compter que la RDC ne dispose pas de suffisamment d’infrastructures sportives adéquates et pas beaucoup d’expérience en matière d’accueil et de gestion de grands événements sportifs internationaux.
Malgré les assurances que donnent les autorités congolaises à l’effet que toutes les mesures sont prises pour assurer la tenue effective de ces Jeux en 2021, sur le terrain on a l’impression que rien ne bouge. Entretemps, les travaux pour la construction du Village des athlètes et des installations de compétition n’ont toujours pas encore commencé.
Une délégation de l’OIF, conduite par Catherine Cano, Administratrice de l’OIF, qui a séjourné à Kinshasa du 29 janvier au 1er février dernier, pour s’assurer que les préparatifs vont bon train pour accueillir les Jeux en juillet 2021, a eu l’occasion de visiter les différents sites choisis pour accueillir les activités liées à ce grand événement sportif et culturel francophone. Elle s’est rendue compte de l’état d’avancement des travaux qui ne semblent pas toujours avoir pris la vitesse de croisière, au regard du peu de temps qui reste. Certainement qu’ils ont tiré la sonnette d’alarme auprès du gouvernement congolais à la nécessité d’accélérer la cadence des travaux.
Et pourtant, en signant le cahier des charges avec l’OIF, le gouvernement congolais s’était engagé à créer un Comité National des Jeux de la Francophonie (CNJF) et de débuter les travaux de construction du Village de la Francophonie avant la fin octobre 2019.
Le Décret portant création du Comité National des Jeux à Kinshasa a été promulgué en date du 25 novembre 2019. Mais à l’heure qu’il est, seul le Comité de pilotage composé d’une vingtaine de ministres et délégués de ministres, qui est en principe l’organe d’orientation et de décision, a été mis en place. Le Comité National des Jeux de la Francophonie (CNJF), tel que stipulé dans les statuts du CIJF, qui est censé travailler à temps plein pour l’organisation des Jeux, n’est toujours pas encore constitué formellement.
Comme l’avait fait son homologue ivoirien Alassane Dramane Ouattara, qui a organisé les meilleurs Jeux de toute l’histoire de la Francophonie en 2017, Félix Tshisekedi doit s’impliquer personnellement et faire en sorte que toutes les dispositions soient prises pour assurer la bonne organisation et l’accueil le plus chaleureux possible de jeunes athlètes francophones.
Le Président Tshisekedi devra pour ce faire garder un œil vigilant sur le tableau de bord des préparatifs des Jeux, pour s’assurer que tout ce qui doit être fait soit effectivement fait dans le temps qui reste. Sinon, il vaut mieux pour la République Démocratique du Congo solliciter maintenant que soit repoussée la date prévue initialement pour ces Jeux. Dans le cas contraire, le décor est bien planté pour un échec évident.
Isidore Kwandja Ngembo,
Politologue et Analyste des politiques publiques