Conférence de presse singulière ce lundi 26 février au matin, dans une Bruxelles pluvieuse encombrée de tracteurs, manifestations-symboles d’une Europe qui échoue à projeter son avenir agricole. L’honorable député honoraire de la circonscription de Lokunga, Jean-Jacques Mamba annonçait son ralliement à l’AFC, l’Alliance Fleuve Congo, dont le coordonnateur et la figure de proue est Corneille Nangaa, ancien Président de la CENI, Commission Electorale Indépendante du temps de Joseph Kabila. Après 17 ans au MLC, mouvement fondé par Jean-Pierre Bemba, pour Jean-Jacques Mamba-Kabamba, le temps est venu de tourner la page « du Maréchal Tshisekedi »…
A la question posée par AFRIK.COM de savoir pourquoi la constitution d’un rassemblement des partis, des mouvements armés, des groupuscules et autres milices d’auto-défense, tel que l’AFC lui apparaissait aujourd’hui comme une nécessité, Jean-Jacques Mamba a clairement répondu que c’est désormais la seule manière de diriger la RDC vers la paix.
A ses yeux, la chance que représente l’AFC, c’est celle de prendre en compte les revendications de tous les mouvements d’opposition, à la fois politiques et militaires, pacifiques ou violents, dont les attentes n’ont jamais été traitées jusque là par le pouvoir. L’AFC apparaît comme une réponse au problème qui date de trois décennies (depuis l’entrée des refugies Hutus rwandais en RDC en 1994) : l’AFC prône le rassemblement de tous les Congolais sans exclusive et pour la première fois une vision holistique de gestion de la crise congolaise.
Si le premier mandat de Félix Tshisekedi a échoué, c’est parce que sa promesse de ramener la paix au Congo s’est traduite par toujours plus de guerre civile et un affrontement croissant à la fois entre Congolais et avec le voisin Rwandais. Aujourd’hui, l’Alliance Fleuve Congo est une coalition inespérée, qui s’élargit suite à la forfaiture électorale de décembre 2023 par laquelle le Président sortant a désintégré l’opposition parlementaire, décrédibilisé tout processus démocratique, et s’est autoproclamé vainqueur alors que les machines à voter avaient davantage fonctionné en dehors des bureaux de vote qu’à l’intérieur de ceux-ci.
Le tribalisme invétéré du « Maréchal » Tshisekedi
Verbe enlevé, propos ferme, Jean-Jacques Mamba est un politique talentueux, et ses expressions font mouche : « en dépit du fameux compromis à l’Africaine dont il a tiré son premier mandat à défaut d’avoir été élu » , « tirant bénéfice de son nom » et des décennies de combats politiques non violents menés par son père Etienne Tshisekedi, qui le lui avait légué, Félix-le-fils a échoué à devenir le Président de tous les Congolais.
Le clan du « Maréchal Tshisekedi » est désormais hors de contrôle, le tribalisme et la corruption règnent en maîtres, les détournements sont institutionnalisés, jusqu’à la création d’une taxe, la taxe RAM, « dont le produit n’apparaît même pas dans les comptes publics, destinée à alimenter directement les dépenses présidentielles« . « L’Alliance Fleuve Congo considère que monsieur TSHISEKEDI illégitime de fait, constitue aujourd’hui un obstacle majeur pour la paix, l’unité nationale et la convivialité régionale. Dans ces conditions, seuls sa reddition et son départ du pouvoir peuvent garantir un climat propice au rétablissement de l’ordre institutionnel, la normalité démocratique et la réconciliation nationale. »
Quid de l’implication du Rwanda?
Et à la question posée du rôle du Rwanda et de la présence du M23 dans l’Alliance Fleuve Congo, Jean-Jacques Mamba-Kabamba répond du tac au tac : “Laissons Kagame tranquille! La seule occasion où j’ai rencontré Kagame, il m’a été présenté par Félix Tshisekedi qui l’a défini comme son frère. Mais ce sont deux frères très différents : le fils de Kagame s’est enrôlé dans l’armée rwandaise et se bat pour son pays, ce n’est pas plus le cas du fils de Félix Tshisekedi que ce ne fut celui du fils d’Etienne Tshisekedi… Le problème du Congo, qui doit se régler entre Congolais, c’est Félix Tshisekedi”, dont l’élection “grossièrement factice détruit toute légitimité et réduit à néant la confiance que les citoyens doivent avoir dans le pacte républicain qui les lie à leurs dirigeants.”
Les intérêts très miniers du Président Ramaphosa ?
A une question posée par AFRIK.COM sur la problématique de l’engagement de l’Armée sud-Africaine sur le terrain à l’Est du Congo, Jean-Jacques Mamba répond avec une forme de découragement : “plusieurs opposants sud-africains n’ont-ils pas pointé des intérêts personnels du président Ramaphosa dans des entreprises minières exploitant certains gisements en RDC ? De toute manière, ces mercenaires étrangers coûtent cher au Trésor Public congolais, ils ne viennent pas gratuitement !” Sous-entendu : en sous-traitant la sécurité de la RDC et en contribuant à la dépecer de ses richesses, Félix Tshisekedi affaiblit doublement l’Etat !
En conclusion, c’est donc un Jean-Jacques Mamba ferme sur ses bases et solide sur ses appuis qui vient de tourner le dos au camp présidentiel et au MLC, au lendemain d’une pseudo-victoire à laquelle il ne croit pas une seconde. Ce qui lui permet d’affirmer tranquillement, lors de cette conférence de presse, et au nom de l’AFC : “L’Alliance Fleuve Congo est disposée à discuter des conditions de cette reddition de monsieur TSHISEKEDI, en ce compris des garanties de sécurité pour lui-même, sa famille et ses proches.” Il n’est pas certain ce soir que le plus gros problème de Félix Tshisekedi soit “son frère” Paul Kagame… C’est peut-être plutôt l’AFC et Corneille Nangaa, celui qui l’avait fait Roi… Et qui pourrait bien aujourd’hui le découronner!