
La détention prolongée et opaque de Daniel Ngoy Mulunda, ex-président de la Céni, suscite une vive inquiétude en RDC et à l’international. Remis aux autorités congolaises après des années d’exil en Zambie, il est retenu sans accès à un avocat ni à ses proches. Son arrestation controversée soulève des interrogations sur le respect des droits humains et alimente les soupçons de persécution politique.
Daniel Ngoy Mulunda, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de la République Démocratique du Congo (RDC), est en détention prolongée. Ce qui suscite de vives préoccupations parmi les organisations de défense des droits humains. Réfugié en Zambie depuis plusieurs années, il a été remis aux autorités congolaises en décembre dernier dans des conditions controversées. Depuis, il est détenu à Kinshasa par les services de renseignement sans contact avec ses proches ni accès à une assistance juridique.
Arrestation entachée de zones d’ombre
Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), a exprimé publiquement ses inquiétudes concernant cette détention qu’il qualifie d’arbitraire. Pour lui, le fait que M. Ngoy Mulunda soit aux mains des services secrets sans aucune transparence ni respect des droits élémentaires est extrêmement préoccupant. « Il est inadmissible que dans un État de droit, une personne soit détenue dans ces conditions, sans avocat, sans accès à sa famille, et sans qu’on connaisse les charges exactes qui pèsent contre elle », affirme-t-il.
L’arrestation elle-même est entachée de zones d’ombre. L’ancien haut responsable électoral vivait en exil en Zambie, sous la protection du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Pourtant, ni le gouvernement zambien ni le HCR n’ont semblé agir pour empêcher sa remise aux autorités congolaises. Cette extradition forcée est vivement critiquée par les ONG, qui y voient une violation des principes fondamentaux de la protection des réfugiés.
Daniel Ngoy Mulunda connu pour ses prises de position critiques
« Le pasteur Ngoy Mulunda bénéficiait du statut de réfugié. En le livrant ainsi, la Zambie et le HCR ont failli à leur devoir de protection », déplore Jean-Claude Katende. Le flou entourant les motifs de son arrestation renforce les craintes. Aucun acte d’accusation clair n’a encore été communiqué, et les autorités congolaises gardent le silence sur les raisons de sa détention. Cette opacité renforce les soupçons de persécution politique, d’autant plus que Daniel Ngoy Mulunda est connu pour ses prises de position critiques envers le pouvoir en place.
Les défenseurs des droits humains rappellent que la RDC a ratifié plusieurs instruments internationaux garantissant les droits des détenus, y compris l’accès à une défense juridique et les soins médicaux nécessaires. Or, selon des membres de sa famille, l’ancien président de la Céni souffrirait de problèmes de santé nécessitant un traitement régulier, qu’il ne reçoit pas en détention.
Garantir à Daniel Ngoy Mulunda un traitement conforme au droit
Pour rappel, Ngoy Mulunda avait été condamné en 2021 par le tribunal de grande instance de Lubumbashi à trois ans de prison ferme pour « incitation à la haine tribale, propagation de fausses informations et atteinte à la sécurité intérieure de l’État ». Cette nouvelle arrestation, dans un contexte tendu, relance le débat sur les libertés fondamentales et l’indépendance de la justice en RDC.
Face à cette situation, les ONG congolaises appellent les autorités à respecter leurs engagements nationaux et internationaux en matière de droits humains, et à garantir à Daniel Ngoy Mulunda un traitement conforme au droit.