La chanteuse congolaise Elisabeth Tshala Muana Muidikayi, mieux connue sous le nom de Tshala Muana tout court, a mis en ligne un single qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, entraîne même des menaces de mort pour son auteur, et une interdiction de diffusion à Kinshasa.
Restée longtemps absente de la scène musicale, malade et annoncée pour morte, il y a quelques mois, la diva congolaise Tshala Mwana vient de signer son grand retour avec « Ingratitude ». Mis en ligne ce samedi 14 novembre 2020, ce single déchaîne déjà les passions, fait l’objet d’interprétations diverses dans la coalition FCC-CACH au pouvoir.
Dans ce morceau, l’artiste raconte l’histoire d’un homme qui a trahi sa conjointe en l’abandonnant pour une autre femme. Le départ de cet homme a laissé la femme abandonnée dans un état de détresse totale. Mais l’homme, à son tour, a fini par être jeté par la nouvelle femme. Tshala Muana a utilisé cette histoire pour inviter les uns et les autres à respecter leurs engagements.
Accompagné sur YouTube de vidéos de scènes politiques congolaises dont l’investiture de Félix Tshisekedi, la chanson sonne dans le camp du Président congolais comme un reproche à lui effectué. Surtout lorsqu’on tient compte, d’une part du climat politique actuel en RDC, caractérisé par une exacerbation des tensions entre le FCC et le CACH et qui a conduit le Président Félix Tshisekedi à organiser des consultations nationales. D’autre part, Tshala Muana est membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et ne cache d’ailleurs pas son admiration pour Joseph Kabila.
Alors que les partisans de l’ancien Président, Joseph Kabila, saluent le morceau qui, selon eux, vient à point nommé, du côté des pro-Thsisekedi, c’est la condamnation la plus totale. « Mes sœurs et frères de l’espace Kasaï, notre sœur Elisabeth Tshala Muana a exagéré. Elle a débordé les limites du tolérable. Elle ne peut pas agir ainsi. En insultant notre président de la République, elle s’insulte elle-même. Elle a oublié ses origines kasaïennes », aurait déclaré via un forum Whatsapp un certain Kabasele Tshimanga dont les propos ont été relayés par le média 24h.cd.
La chanteuse aurait même fait l’objet de menaces de mort, rien qu’à cause de ce morceau qui est d’ailleurs interdit de diffusion à Kinshasa par la Commission nationale de censure. « Il est demandé à tous les médias de Kinshasa et aux journalistes de ne pas exploiter ou diffuser la chanson “Ingratitude”, jusqu’ au visa express du comité national de censure », peut-on lire dans un communiqué signé du président provincial de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), Jean-Marie Kasamba.
Très peu de Congolais sont convaincus par l’explication de la Commission nationale de censure qui tente de montrer que l’interdiction qui frappe la chanson n’est pas en lien avec les paroles qu’elle véhicule, mais est plutôt due au fait que sa diffusion n’a pas été soumise à sa censure.
https://www.youtube.com/watch?v=-YFOV4QDpeg