En RDC, la mesure de l’état de siège appliquée depuis mai 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri continue de susciter des levées de boucliers. Cette fois-ci, c’est la coalition Lamuka qui se fend d’un communiqué pour exiger la levée immédiate de cette mesure.
La hausse de la violence et des tueries dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ces derniers mois a motivé la sortie de Lamuka. Ce lundi, la coalition a rendu public un communiqué dans lequel elle s’insurge contre l’augmentation inquiétante de la violence dans ces deux provinces. « En Ituri, dans le territoire de Djugu, 23 Congolais ont été massacrés par la CODECO, le vendredi 21 juin. Plusieurs autres ont été kidnappés et des maisons incendiées », a déclaré le porte-parole de la coalition, Prince Epenge. Le communiqué dénombre également 14 Congolais décapités par les ADF le même jour dans le territoire de Lubero, en plus de 42 personnes exécutées dans la même région début juin.
L’exigence de Lamuka
Face à ces tueries qui ne cessent de s’accroître, les responsables de Lamuka s’étonnent que les choses en soient là « malgré l’état de siège et les engagements pris par le Président Félix Tshisekedi avec ces groupes armés ». Et de poursuivre : « Lamuka demande à Félix Tshisekedi comment il peut ignorer ce drame sécuritaire et humanitaire pour faire de la stabilisation du cadre démocratique économique sa priorité numéro 1, au lieu de se concentrer sur la sécurité de nos compatriotes de l’Est et la protection de l’intégrité du territoire national ».
Pour les responsables de la coalition Lamuka, il est urgent de lever l’état de siège afin de permettre à la jeunesse des deux provinces de s’impliquer dans la sécurité en surveillant les quartiers. Lamuka demande que les restrictions à la liberté soient levées pour que les jeunes puissent organiser des marches de protestation.
Une revendication maintes fois reprise et ignorée par Félix Tshisekedi
Depuis son instauration, le 6 mai 2021, l’état de siège n’a suscité que mécontentement et protestation en RDC. L’opposition, la société civile, les autorités religieuses et une bonne partie de la population ont toujours dénoncé cette mesure qui restreint considérablement les libertés dans les deux provinces sans pour autant induire une amélioration de la situation sécuritaire. Selon un rapport publié par Amnesty International en mai 2023, la situation sécuritaire dans les deux provinces s’est même considérablement détériorée, avec « une recrudescence des attaques contre les civils ».
Pour l’ONG, l’état de siège a également « aggravé la situation des droits humains », avec des arrestations arbitraires. Par conséquent, Amnesty International avait recommandé au Président congolais de « lever cette mesure répressive, sans délai ». Chose que Félix Tshisekedi n’a jamais faite.
En octobre 2023, alors que le Parlement validait une nouvelle prolongation de l’état de siège, le Président Tshisekedi a annoncé un « allègement progressif et graduel » de la mesure. Cette annonce du Président congolais avait entraîné une vive réaction de l’opposition qui a fait observer que l’allègement de l’état de siège était en lui-même illégal. En dépit de toutes les réactions, l’état de siège qui « est une mesure exceptionnelle qui ne doit durer longtemps », comme l’a rappelé la sénatrice Francine Muyumba, est resté vigueur.