RDC : grognes et indignations après la destitution de Zoe Kabila


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Zoe Kabila
Zoe Kabila

Plusieurs voix s’élèvent, aussi bien au sein de la famille politique de Zoe Kabila que dans la société civile, depuis hier jeudi, pour dénoncer la destitution du gouverneur de la province du Tanganyika qui, comme les autres destitutions de responsables issus du FCC, a tout d’un règlement de comptes.

Hier jeudi 6 mai 2021, le frère cadet de l’ancien Président congolais, Zoe Kabila, gouverneur de la province du Tanganyika, visé par une motion de destitution déposée au bureau de l’Assemblée provinciale, le 4 mai dernier, a été déchu de son poste. La majorité des députés de l’Assemblée provinciale a voté pour la déchéance du gouverneur pour cause de mauvaise gestion de la province du Tanganyika, de manque de respect à l’Assemblée provinciale et aux autres institutions nationales.

La réaction du parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti auquel appartient Zoe Kabila – le seul des 25 gouverneurs provinciaux à n’avoir pas adhéré à l’Union sacrée –, ne s’est pas fait attendre. « On devait juger le gouverneur Zoé par les faits, c’est un des meilleurs gouverneurs dans cette République. Il s’agit d’un règlement de comptes. Le pouvoir actuel doit s’aviser, avec ce qu’il est en train de faire, il est en train de perdre les meilleurs d’entre nous, et ce n’est pas bon pour la République, ce n’est pas bon pour le Katanga, et Kalemie qui avait déjà pris son essor avec le gouverneur Zoe Kabila », s’est indigné Didier Manara, député national et cadre du parti, avant de poursuivre : « Ce qu’ils font, c’est la corruption, ils ont obtenu cette majorité par la corruption, la société civile se tait, la communauté internationale se tait, on a érigé la corruption en mode de gestion dans cette République. Comment un gouverneur comme Zoé pouvait partir avec tout ce qu’il est en train de faire ? C’est totalement déplorable ».

Réaction similaire chez le premier vice-président du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et député national qui fulmine : « Retenir un gouverneur à Kinshasa, faire passer la motion sans réponses aux questions ni moyens de défense aux accusations est une atteinte aux droits fondamentaux ». Pour Moïse Nyarugabo, la Cour constitutionnelle doit réhabiliter le gouverneur déchu sinon, « l’État de droit est en danger ».

Même son de cloche du côté de Me Jean-Claude Katende, avocat et président de l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO), selon qui, « destituer même un Gouverneur qui essaie de se distinguer en faisant ce qui est bien est une atteinte au bonheur du peuple ». Pour lui qui espère que « ceux qui ont débarqué Zoé Kabila trouveront un homme ou une femme qui fera mieux que lui », le « règlement des comptes, l’arbitraire et le fanatisme doivent être écartés de la vie politique ; si on veut vraiment construire un État de droit ».

Depuis la fin de la coalition FCC-CACH, en novembre 2020, les Congolais assistent à un débarquement tous azimuts des responsables politiques membres de la famille politique du prédécesseur de Félix Tshisekedi, Joseph Kabila, de tous les postes de responsabilité qu’ils occupaient, ce qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui voient, dans cette manière de faire, des règlements de comptes purs et simples.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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