Le Président Félix Tshisekedi a ouvert, ce mercredi, à Kinshasa les états généraux de la justice congolaise. Une occasion qui devrait permettre aux acteurs du système judiciaire de se pencher sur les principaux problèmes qui minent le secteur et de leur proposer les solutions idoines. C’est en tout cas le souhait clairement exprimé par le Président Tshisekedi.
Ils sont environ 3 500 acteurs du système judiciaire congolais venus de toutes les provinces du pays à être invités aux états généraux de la justice de la RDC. Les assises ouvertes ce mercredi devront s’étendre jusqu’au 13 novembre 2024. Placés sous le thème : « Pourquoi la justice congolaise est-elle qualifiée de malade ? Quelle thérapie face à cette maladie ? », ces états généraux ont été officiellement ouverts par le Président Félix Tshisekedi en personne.
« Notre appareil judiciaire sera restauré bon gré mal gré »
Au cours de son allocution d’ouverture des états généraux, le Président Félix Tshisekedi a clairement exprimé ses attentes vis-à-vis de l’appareil judiciaire de son pays. « En tant que magistrat suprême, c’est avec détermination que je me tiens ici pour affirmer que notre appareil judiciaire sera restauré bon gré mal gré », a d’abord déclaré le dirigeant. Puis il poursuit : « Un minimum de volonté de nous tous suffit pour que nous ayons un appareil judiciaire fort, exempt de dysfonctionnement et de divers maux qui le rongent pour ainsi redevenir un sanctuaire où nul n’est au-dessus de la Loi et où chaque citoyen, riche ou modeste, trouvera la part qui lui est due dans la distribution de la justice ».
Et d’insister sur le bien-fondé des assises qui, pour lui, constituent une réelle opportunité pour « scruter avec lucidité et honnêteté l’état de notre système judiciaire, d’identifier les défis qui entravent son fonctionnement et de tracer ensemble les voies de sa renaissance ».
L’adresse de Tshisekedi aux magistrats
Félix Tshisekedi justifie sa présence à cette cérémonie d’ouverture des états généraux par l’importance qu’il accorde aux problèmes de la justice de son pays. Il explique que sa présence est le symbole par excellence de son engagement à restaurer la justice congolaise. Multipliant les formules-choc, le Président congolais s’est adressé aux magistrats en ces termes : « La nation vous observe, et sachez que tout manquement, défaillance, compromis avec la probité seront désormais sanctionnés. C’est avec une fermeté sans faille que seront prises les mesures nécessaires pour extirper des rangs de la justice ceux qui trahiraient leur mission, par ricochet leur serment ».
Puis il ajoute : « Le Congo attend de vous une justice implacable, une justice qui ne recule devant aucune pression, devant aucun intérêt autre que celui de la vérité ». Un objectif qui ne saurait être atteint sans une lutte implacable contre « les antivaleurs plusieurs fois décriées et qu’il faut à tout prix éradiquer », que sont la corruption et l’impunité.
Le ministre de la Justice sur la même longueur que son Président
Prenant la parole, le patron de la Justice congolaise, Constant Mutamba, a tenu à faire une petite mise au point, au regard de la tension qui existe entre les magistrats et lui, depuis qu’il a commencé son combat contre les tares de la justice congolaise. « Les états généraux que nous sommes en train d’organiser, ce n’est pas un lieu de confrontation, d’affrontement entre le ministre et les magistrats, les magistrats et huissiers, les huissiers et les avocats, les citoyens et les magistrats », commence-t-il. Avant d’enchaîner : « C’est plutôt un cadre de conscience collective et de remise en cause systémique et systématique des pratiques que nous avons observées pendant des décennies et qui malheureusement ont démontré leurs limites et détruit notre système judiciaire. C’est ensemble en travaillant main dans la main que nous allons parvenir à redresser notre justice ».
Ceci est le vœu de Constant Mutamba qui a également profité de la tribune à lui offerte pour aborder avec une certaine diplomatie la question qui secoue la RDC actuellement à savoir : la révision de la Constitution. « J’invite donc les uns et les autres à travailler de telle manière que nous puissions avoir des recommandations qui puissent déboucher sur des réformes courageuses celles qui pourront toucher pourquoi pas à la révision de la Constitution », a déclaré Constant Mutamba.
Ces états généraux interviennent neuf ans après ceux organisés en 2015 sous la présidence de Joseph Kabila.