
Le Président congolais, Félix Tshisekedi, s’engage activement dans une démarche diplomatique visant à établir un accord minier avec les États-Unis, alors même que l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est plongé dans une crise sécuritaire liée à l’offensive du groupe rebelle M23. C’est ce qu’indique un article du New York Times, publié à la suite d’une interview exclusive avec le chef de l’État congolais. Dans cet entretien, Tshisekedi a révélé ses ambitions pour attirer les investisseurs occidentaux et ainsi profiter des vastes richesses naturelles de son pays.
Garantir un approvisionnement direct en ressources minières
La RDC est l’un des pays les plus riches du monde en ressources naturelles, notamment en minerais stratégiques comme le cobalt, le cuivre et le coltan. Cependant, ces richesses ont souvent été mal exploitées, et une grande partie de l’industrie minière est dominée par des acteurs étrangers, notamment chinois. Tshisekedi a exprimé son désir de rééquilibrer cette situation en invitant les États-Unis et l’Europe à participer directement aux bénéfices du secteur minier congolais. Le Président a également mis en avant l’importance de cet accord pour apporter une stabilité à son pays, en particulier face à l’instabilité grandissante dans l’Est, région où le M23 poursuit sa progression.
Lors de son entretien avec The New York Times, Tshisekedi a expliqué que, pour garantir un approvisionnement direct en ressources minières, les États-Unis devraient privilégier l’achat de minerais congolais, plutôt que de continuer à s’approvisionner à travers le Rwanda, accusé de piller les ressources congolaises. « Le président Félix Tshisekedi invite les États-Unis, dont les entreprises s’approvisionnent en matières premières stratégiques auprès du Rwanda, à venir les acheter directement chez nous, les véritables propriétaires », a déclaré Tina Salama, porte-parole de Tshisekedi. Elle a ajouté que cette invitation s’adressait également aux Européens et à toute autre nation impliquée dans le commerce de ces ressources via le Rwanda.
Contrôle de plusieurs villes stratégiques par le M23
Les autorités congolaises estiment que le Rwanda joue un rôle clé dans le soutien au M23, un groupe rebelle actif dans l’Est de la RDC, qu’elles considèrent comme un acteur soutenu par Kigali. Cette situation a exacerbé les tensions entre la RDC et le Rwanda, et Tshisekedi semble espérer que la pression internationale exercée sur le Rwanda, en partie grâce à cet accord minier, pourrait contribuer à apporter plus de sécurité dans la région.
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Le M23, un groupe rebelle formé en 2012 par des soldats dissidents de l’armée congolaise, a repris les armes en 2022, après une période de calme relatif. Depuis lors, il a progressé de manière significative, prenant le contrôle de plusieurs villes stratégiques dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, notamment Goma et Bukavu. Selon les Nations Unies, des milliers de morts ont été enregistrés depuis le début de cette offensive. Kinshasa accuse le Rwanda d’apporter un soutien militaire direct au M23, ce qui alimente les tensions entre les deux pays voisins.
Formation d’une coalition militaire pour combattre le M23
Kigali rejette fermement ces accusations et affirme que le M23 est un mouvement congolais indépendant, dont les membres sont principalement des Congolais. Le gouvernement rwandais conteste également les rapports onusiens qui suggèrent son implication. Pour Kigali, la présence du M23 représente une menace sécuritaire directe, d’autant plus que le groupe utilise la langue rwandaise et que certains membres du M23 se sont réfugiés au Rwanda après avoir été désarmés en 2013. Kigali a par ailleurs souligné que la RDC a formé une coalition militaire pour combattre le M23, comprenant des soldats burundais, des mercenaires européens et des miliciens rwandais opposés au gouvernement rwandais.
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Tshisekedi, de son côté, place une grande partie de ses espoirs dans un partenariat économique renforcé avec les puissances occidentales pour faire face à la situation instable dans l’Est du pays. Il a notamment évoqué la possibilité de financer des projets d’envergure, tels que la construction d’un méga barrage hydroélectrique, qui pourrait devenir la plus grande centrale hydroélectrique du monde si elle venait à être achevée. Ces projets, selon Tshisekedi, pourraient contribuer à stabiliser le pays en apportant des investissements massifs et en générant des revenus considérables.