Les déclarations faites par le Président Félix Tshisekedi, dimanche dernier, devant la diaspora congolaise à Londres, continuent de susciter des réactions. Au nombre de celles-ci, figure la réaction de Me Steve Kivuata, secrétaire général du Nouvel Elan, parti d’Adolphe Muzito et porte-parole de la coalition Lamuka. L’avocat a pondu une analyse démontrant que la dissolution de l’Assemblée nationale n’était pas une tâche aussi facile qu’a voulu le faire croire le président de la République lors de sa sortie médiatique. Son analyse met, par ailleurs, en cause le pouvoir réel détenu par le Président Tshisekedi.
« M. Félix Tshisekedi ne peut dissoudre l’Assemblée nationale de son propre gré. Selon l’article 79 alinéa 4, le chef de l’Etat doit, à travers son ordonnance de dissolution, requérir un contreseing du Premier ministre. Le Premier ministre, M. Ilunga Ilukamba étant du FCC, cette ordonnance de dissolution est censée obtenir le quitus du FCC, ses partenaires politiques », soutient Me Kivuata. Mieux, le président de la République n’a même pas les mains libres pour révoquer de sa propre initiative le Premier ministre ou même un simple ministre du gouvernement.
L’avocat étaie son affirmation par des articles de la Constitution congolaise qu’il cite : « L’article 78 alinéa 1 renseigne qu’il met fin aux fonctions du Premier ministre sur présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Le Premier ministre ne peut que : soit démissionner volontairement, soit y être obligé, après le vote d’une motion de censure contre son gouvernement, par l’Assemblée nationale (Article 147 alinéa 1). C’est après sa démission, que le président de la République prend acte de la fin des fonctions du Premier ministre ».
Et Me Steve Kivuata de poursuivre : « Le président de la République n’a pas non plus, le pouvoir de révoquer les ministres de son propre gré. Par simple parallélisme de forme, comme repris d’ailleurs dans l’article 78 alinéa 4, le président de la République met fin aux fonctions des ministres, sur proposition du Premier ministre et avec le contreseing de ce dernier (Article 79 alinéa 4). Ce qui voudrait dire que toute révocation d’un ministre passerait obligatoirement par le Premier ministre, indirectement par le FCC ».
A la lumière des propos de Me Steve Kivuata, on est amené à se poser la question de savoir ce que contrôle réellement Félix Tshisekedi. A en croire l’avocat, le Président congolais est pris en otage par la coalition de l’ex-président de la République, Joseph Kabila, qui contrôle le Parlement et même le Gouvernement, à travers le Premier ministre, et par conséquent tout le pouvoir. Que reste-t-il alors à Félix Tshisekedi ? Une coquille vide ?
Pour le porte-parole de la coalition Lamuka, « le FCC semble avoir tout planifié pour avoir le contrôle sur toutes les institutions. De la fabrication des résultats de la Présidentielle et des Législatives, à d’autres stratégies mises en place actuellement, il semble détenir le bic rouge avec l’encre pleine contre toutes les institutions du pays, par des moyens légaux et illégaux ».
Rappelons que la coalition Lamuka est celle qui a porté la candidature de Martin Fayulu aux joutes électorales de décembre 2018 et qui continue de contester la victoire de Félix Tshisekedi à cette élection.