RDC : Félix Tshisekedi sollicite une aide militaire au Tchad face à la montée du M23


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Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi
Le Président congolais, Félix Tshisekedi

Didier Mazenga, l’envoyé spécial du Président congolais Félix Tshisekedi, a effectué une visite à N’Djamena, la capitale du Tchad. Ce déplacement faisait partie de son retour après le sommet de l’Union africaine, mais il avait également pour objectif de transmettre un message important du président Tshisekedi au Président tchadien Mahamat Idriss Déby. Ce message portait sur une demande d’aide militaire en raison de la progression continue des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda dans le Sud-Kivu, particulièrement après leur prise de Goma et de Bukavu, deux grandes villes de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Selon une source proche du dossier, Félix Tshisekedi a demandé à son homologue tchadien une assistance militaire « sous toutes formes », sans préciser davantage la nature exacte de cette aide. La situation sécuritaire en RDC, particulièrement à l’est du pays, se dégrade rapidement, et la demande d’aide militaire se fait de plus en plus pressante face à l’avancée fulgurante des rebelles du M23, qui, armés et appuyés par le Rwanda, continuent d’étendre leur contrôle sur les zones stratégiques du pays.

Des liens étroits entre le Tchad et la RDC

La demande de soutien militaire de Félix Tshisekedi s’inscrit dans un contexte de relations diplomatiques renforcées entre la RDC et le Tchad. Le président Tshisekedi bénéficie de la proximité des autorités tchadiennes, en particulier grâce à son rôle de facilitateur lors de la crise politique tchadienne, où il a joué un rôle clé dans la médiation au sein de la Communauté des États d’Afrique centrale (CEEAC). Cette proximité est d’autant plus symbolique que, récemment, une avenue de la capitale tchadienne, N’Djamena, a été rebaptisée en l’honneur de Félix Tshisekedi, ce qui témoigne de la solidité des liens entre les deux pays.

Lire : Crise en RDC : le M23 s’empare de Bukavu après une progression fulgurante

Le 9 février, Mahamat Idriss Déby, le Président tchadien, a exprimé sa solidarité envers la RDC, tout en réaffirmant son soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du pays. Dans un communiqué officiel, Déby a condamné l’agression menée par les groupes armés dans l’Est de la RDC et a appelé au respect du droit international. Cette solidarité marquée par le Président tchadien envers son homologue congolais donne encore plus de poids à la demande d’aide militaire formulée par Tshisekedi.

Le Tchad examine la demande sous réserve

Bien que la demande d’aide militaire soit désormais sur la table, le gouvernement tchadien semble aborder cette question avec une certaine prudence. Selon la même source, N’Djamena est en train d’examiner cette requête, tout en soulignant sa volonté de respecter les voies légales tant nationales qu’internationales. Le Tchad privilégie toujours l’option du dialogue et de la diplomatie, une approche qui a été au cœur des résolutions prises lors des sommets conjoint des chefs d’États de l’EAC (Communauté Est-Africaine) et de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe). Ces forums ont insisté sur l’importance de la négociation pour résoudre la crise sécuritaire dans la région des Grands Lacs, mais face à l’escalade de la violence, des actions concrètes sur le terrain semblent de plus en plus nécessaires.

Lire : Crise en RDC : le M23 appelle à des pourparlers de paix après avoir pris le contrôle de Bukavu

La situation en République Démocratique du Congo continue de se détériorer avec l’avancée continue des rebelles du M23. Après avoir pris le contrôle de Goma, la capitale du Nord-Kivu, au mois de janvier, les insurgés ont rapidement tourné leur attention vers Bukavu, dans le Sud-Kivu, qu’ils ont également conquis. En quelques jours, le M23 a réussi à s’emparer de plusieurs localités stratégiques, renforçant sa position dans cette région déjà fragile. Cette avancée rapide a non seulement déstabilisé le pays, mais a également eu des conséquences humanitaires dramatiques, entraînant plus de 350 000 déplacés en quelques jours.

Un tournant décisif dans le conflit ?

Les forces armées congolaises, face à cette poussée des rebelles, ont été contraintes de se replier, laissant les deux grandes villes de l’Est, Goma et Bukavu, entre les mains des insurgés. Ces événements ont exacerbé les tensions internes et internationales, notamment avec le Rwanda, que le gouvernement congolais accuse de soutenir activement le M23. Le Rwanda, de son côté, rejette ces accusations, mais la situation reste tendue, et aucune solution diplomatique immédiate ne semble en mesure de mettre fin à ce conflit dévastateur.

Dans ce contexte de guerre et de désastre humanitaire, le Président congolais a donc cherché à obtenir une aide militaire de la part du Tchad. La décision de solliciter ce soutien reflète l’urgence de la situation, alors que les forces congolaises peinent à contenir l’avancée des rebelles. L’intervention militaire du Tchad, un partenaire important dans la région, pourrait être un tournant décisif dans le conflit.

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