Le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a annoncé, mercredi, son intention de procéder à une révision constitutionnelle pour mieux aligner la gestion du pays sur ses réalités. Lors d’un meeting à Kisangani, où il était présent pour l’inauguration d’un nouvel aéroport international, il a déclaré : « Notre Constitution n’est pas adaptée. Elle a été rédigée par des étrangers, à l’étranger. Il est temps d’élaborer une Constitution qui reflète nos véritables besoins ».
Un changement de Constitution qui suscite des inquiétudes
Félix Tshisekedi a précisé qu’une commission nationale sera mise en place l’année prochaine, regroupant des experts de divers domaines, pour réfléchir à cette révision. Il a ajouté avec détermination : « Quoi qu’il arrive, il faudra avancer ». Cependant, cette initiative suscite des inquiétudes, notamment de la part de l’opposition. Hervé Diakiese, porte-parole du principal parti d’opposition, a réagi.
Le membre d’Ensemble pour la République a accusé le Président de chercher à instaurer une nouvelle Constitution dans le but de se porter candidat à un troisième mandat. Selon lui, cette révision pourrait permettre à Félix Tshisekedi de se maintenir au pouvoir indéfiniment. Une situation que l’opposant qualifie de dérive autoritaire. Du côté du parti présidentiel (UDPS), une campagne de sensibilisation a déjà été lancée pour expliquer aux citoyens l’importance de cette révision constitutionnelle.
Adoption de la première Constitution en 1964
La RDC a adopté sa première Constitution en 1964, quatre ans après son indépendance, suivie d’une deuxième en 1967. Depuis, le texte constitutionnel a été modifié à plusieurs reprises, la plus récente révision ayant été approuvée par référendum en 2005, avec une mise en œuvre en 2006. La dernière modification a eu lieu en 2011, portant sur seulement huit des 229 articles.
Félix Tshisekedi a été élu Président de la RDC lors des élections générales de décembre 2018. Ce scrutin a été marqué par des tensions politiques et des accusations de fraude. Après une longue période d’incertitude, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé sa victoire, le déclarant vainqueur avec environ 38,57% des voix, devant Martin Fayulu, qui a contesté les résultats.
Tentatives d’amélioration de la gouvernance
L’élection de Tshisekedi a été facilitée par un accord politique conclu avec l’ancien Président Joseph Kabila, qui, bien qu’il n’ait pas directement soutenu Tshisekedi, a permis une transition pacifique après des années de tension et d’instabilité. Ce contexte a été déterminant dans le processus électoral et a permis une certaine acceptation de la part des électeurs et des observateurs internationaux.
Malgré son élection, Tshisekedi a dû naviguer entre les attentes élevées de la population et les défis politiques, économiques et sécuritaires importants auxquels la RDC fait face. Sa proposition de révision constitutionnelle s’inscrit donc dans un cadre plus large de tentatives d’amélioration de la gouvernance et de consolidation de son pouvoir au sein d’un pays riche en ressources mais souvent en proie à des crises politiques.