RDC : Faure Gnassingbé est arrivé à Kinshasa


Lecture 3 min.
Le Président Faure Gnassingbe en 2014
Le Président Faure Gnassingbe en 2014

Faure Gnassingbé, président du Togo et nouvel émissaire de l’Union africaine pour la crise entre la RDC et le Rwanda, est en visite à Kinshasa. Dans un contexte de tensions extrêmes à l’est du Congo, sa médiation soulève autant d’espoirs que de scepticisme, entre tentatives de dialogue et réalités d’un conflit toujours actif sur le terrain.

Le Président togolais, Faure Gnassingbé, est arrivé ce mercredi à Kinshasa dans le cadre de sa nouvelle mission de médiateur dans la crise qui oppose la République démocratique du Congo au Rwanda. Nommé par l’Union africaine pour succéder à João Lourenço, le chef d’État togolais tente de relancer des pourparlers longtemps au point mort. Sa visite intervient alors que l’est de la RDC reste ravagé par des affrontements entre les rebelles de l’AFC-M23 et les forces loyalistes appuyées par les milices Wazalendo, dans un climat de tension croissante.

Entre scepticisme et espoir mesuré à Kinshasa

À Kinshasa, la visite du président togolais est accueillie avec prudence. Faure Gnassingbé bénéficie de relations jugées bonnes avec les deux principaux protagonistes du conflit, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ce qui pourrait jouer en sa faveur. Mais une partie de l’opinion congolaise reste méfiante, d’autant que les médiations précédentes menées par l’Angola et le Kenya n’ont pas permis d’enrayer la violence. « Il n’y arrivera pas si chaque camp campe sur ses positions », estime un habitant de la capitale, tandis qu’un autre veut croire qu’une nouvelle approche peut changer la donne.

Pendant que les négociations s’esquissent à Kinshasa, le terrain militaire continue de dicter sa loi. Dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, les combats entre l’AFC-M23 et les forces congolaises ne faiblissent pas. Les incidents récents à Goma et Kavumu soulignent l’instabilité chronique de la région et les limites des interventions internationales. La force régionale de la SADC (SamiRDC), désormais poussée vers un retrait progressif, laisse derrière elle un vide sécuritaire inquiétant.

Une médiation sous pression diplomatique

Faure Gnassingbé arrive dans un contexte où l’Union africaine cherche à reprendre la main sur une crise qui échappe à tout contrôle. Son mandat reste flou, et sa désignation suscite déjà des critiques, notamment dans son propre pays où certains estiment qu’il n’incarne pas les valeurs d’impartialité exigées par l’UA. Toutefois, son profil de médiateur discret mais connecté aux principaux centres de décision régionaux et internationaux pourrait lui permettre de faire avancer les discussions.

L’introduction récente du Qatar dans la diplomatie régionale change aussi les équilibres. Le retrait de João Lourenço du processus de médiation pourrait marquer un tournant vers une nouvelle dynamique diplomatique, plus inclusive et potentiellement plus efficace. Tout l’enjeu pour Faure Gnassingbé sera d’établir un dialogue sincère entre des acteurs profondément méfiants les uns envers les autres, dans un climat d’urgence humanitaire extrême.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News