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Face à l’implication avérée du Rwanda dans le conflit à l’Est de la RDC, Kinshasa réclame une condamnation ferme du Conseil de sécurité de l’ONU. La ministre congolaise des Affaires étrangères exige des sanctions ciblées et un embargo sur les minerais issus des zones occupées.
La situation à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) pousse Kinshasa à intensifier la pression diplomatique. Face à l’implication avérée du Rwanda dans le conflit qui ravage les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le gouvernement congolais exige une prise de position claire du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Une situation critique à l’Est de la RDC
Les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise selon plusieurs sources onusiennes, ont atteint un niveau alarmant. La prise de Goma fin janvier, suivie de l’occupation de Bukavu et Kamanyola en février, a bouleversé la région. Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, a confirmé que le M23 impose un contrôle total sur les routes et entrave les opérations humanitaires et les missions de maintien de la paix de la MONUSCO.
Devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a exprimé l’exaspération de Kinshasa. « L’époque des compromis interminables est révolue », a-t-elle déclaré en appelant à un vote immédiat pour condamner l’occupation rwandaise et exiger le retrait des troupes.
Elle a également plaidé pour des sanctions ciblées contre les dirigeants militaires rwandais impliqués dans le soutien au M23. Parmi les mesures demandées figurent un embargo total sur les minerais issus des zones occupées et la révocation du statut du Rwanda en tant que contributeur aux missions onusiennes.
Le risque d’une escalade régionale
Lors d’une réunion en urgence du Conseil de sécurité, plusieurs diplomates ont averti du danger d’une guerre régionale à grande échelle. Huang Xia, envoyé spécial pour la région des Grands Lacs, a exhorté la communauté internationale à agir pour préserver l’intégrité territoriale de la RDC et coordonner les efforts diplomatiques des processus de Luanda et de Nairobi.
La France, à l’initiative de cette réunion, a réaffirmé son opposition à l’offensive du M23 et au soutien militaire rwandais. « Il n’existe pas de solution militaire à ce conflit », a souligné le représentant français, appelant à une réponse diplomatique immédiate.
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Une crise humanitaire désastreuse
Au-delà des enjeux militaires et diplomatiques, la crise humanitaire atteint des proportions dramatiques. Les violences perpétrées par le M23 ont provoqué des milliers de déplacements forcés et causé de nombreuses pertes humaines. La ministre congolaise a rapporté des scènes d’horreur, notamment la découverte de 500 corps calcinés dans la prison de Munzenze et un afflux massif de blessés dans des hôpitaux déjà débordés.
Face à cette catastrophe, la RDC attend une réaction rapide et déterminée de la communauté internationale. Pour Kinshasa, l’heure n’est plus aux déclarations, mais aux actions concrètes.