La prison de Beni Kangbayi a essuyé très tôt ce matin, l’attaque d’un groupe armé, qui a débouché sur l’évasion de près de 1 000 détenus dont des rebelles ADF et Maï-Maï. De quoi faire monter l’inquiétude au sein de la société civile.
Il était environ 4 heures du matin lorsque des hommes armés ont pris d’assaut la prison de Beni Kangbayi, dans le Nord-Kivu. Le résultat de cette attaque : l’évasion de la plus grande partie des détenus, environ mille personnes. Ne sont restés sur place qu’une centaine de prisonniers. Les soupçons convergent vers les combattants du groupe rebelle ougandais ADF, présents, depuis des années, dans l’Est de la RDC où ils ne sèment que terreur, mort et désolation.
L’objectif de ces hommes qui ont attaqué la prison de Beni Kangbayi était de libérer leurs camarades détenus dans ce pénitencier. Et là, ils ont bien réussi leur forfait. Des rebelles Maï-Maï, également détenus dans cette prison ont aussi profité de l’occasion.
« Il y a eu échanges des tirs. Pour l’instant, comme la situation est un peu confuse nous nous arrêtons là », a confié aux confrères de Actualite.cd, le porte-parole de la police congolaise, Pierrot Mwanamputu.
La chasse à l’homme qui a suivi l’évasion a permis à la police d’intercepter 14 parmi les fugitifs. Deux autres sont tombés sous les balles au cours des échanges de tirs. Le maire par intérim de la ville de Beni, Modeste Bakwanamaha, invite, pour sa part, la population locale à aider les services de sécurité à mettre la main sur le reste des évadés. « Nous voulons mettre de nouveau la population à contribution pour retrouver les évadés qui vont rester dans la ville. Il faut que la population nous aide à les récupérer pour qu’ils retournent en prison, de même que ceux qui sont allés avec l’ennemi», a-t-il confié à la presse.
« Probablement, ce sont les ADF qui sont venus libérer les leurs, nous voulons que, toujours avec l’appui de la population, la dénonciation soit faite de gauche à droite, partout où on peut retrouver des figures non habituelles pour que les services habilités puissent s’occuper de ces prisonniers-là », a pointé du doigt l’édile de la ville.
Inquiétudes de la société civile
La société civile de Beni, elle, s’inquiète de la flambée de violences qui pourrait découler de cette évasion. « C’est une désolation de la part de la société civile de voir plus de 1000 détenus être s’enfuir, nous craignons que la situation sécuritaire puisse s’empirer. Vous savez que parmi les détenus il y avait des présumés ADF, des présumés Maï-Maï, mais également des présumés criminels», souligne Kizito Bin Hangi, président de la société civile de Beni.
. Donc, ces gens risquent d’aller renforcer le rang des ADF, des Maï-Maï pour que ces assaillants puissent continuer, avec leurs sales besognes, de tuer les gens. Mais également nous craignons que la ville soit aussi insécurisée par ces bandits-là, la criminalité risque encore de monter en flèche », s’inquiète Kizito Bin Hangii
Des inquiétudes qui ne sont pas dénuées de fondement quand on connaît la capacité de nuisance des combattants ADF présents à Beni, depuis 25 ans, au grand dam des populations locales qui paient de leur vie et qui vivent dans un climat d’insécurité totale. Jusqu’ici, les forces armées de la RDC n’ont pas réussi, en dépit de tous leurs efforts, à venir à bout de ces rebelles.