Dans l’après-midi du mercredi 19 juin 2024, une évasion a été signalée à la prison centrale d’Isiro dans la province du Haut-Uele. Une trentaine de détenus ont pris la fuite alors que d’autres ont été tués ou blessés.
La journée du mercredi 19 juin n’a pas été de tout repos pour le personnel de la prison centrale d’Isiro en Haut-Uele, une des 26 provinces de la RDC. Alors qu’on voulait le servir leur ration alimentaire, les détenus se sont précipités dehors. « C’était juste à l’heure où l’on voulait servir le repas aux détenus. Quand le gardien a ouvert la porte, les pensionnaires ont tiré la porte et se sont évadés massivement », a confié le directeur de la structure pénitentiaire. Il a même dressé un bilan provisoire de la situation : « Je viens de compter cinq décès, cinq blessés graves qui sont actuellement à l’hôpital. Nous sommes en train de procéder à l’appel nominal, mais jusqu’à présent, il y a vingt-sept évadés ».
Une prison pas aux normes
La prison centrale d’Isiro, comme presque toutes les prisons du pays, ou même celles de beaucoup d’autres pays africains, ne répond pas aux normes. « J‘ai toujours écrit, j’ai toujours demandé au gouvernement que la prison centrale d’Isiro, comme vous pouvez le constater, c’est une prison qui ne répond pas aux normes d’une prison où l’on doit maintenir les gens. Il n’y a pas de clôture, vous le savez, où a-t-on vu une prison qui est sur la route principale ? Vous ouvrez la porte et vous êtes directement en face des détenus », a déclaré le directeur de la prison. Avant de lancer un appel aux autorités : « Je demande au gouvernement provincial et surtout national de parachever l’œuvre déjà amorcée pour la construction d’une prison moderne sur la route menant à l’aéroport ».
Des évasions récurrentes
Les évasions de prison sont fréquentes en RDC. Par exemple, le 10 août 2022, plus de 800 détenus se sont évadés de la prison centrale de Kakwangura dans la ville de Butembo, à l’occasion de l’attaque du pénitencier par un groupe de rebelles Maï-Maï. Le 21 novembre 2021, 189 prisonniers se sont volatilisés de la prison de Matadi. Le 20 octobre 2020, l’attaque d’un groupe armé contre la prison de Beni Kangbayi avait débouché sur l’évasion de près de 1 000 détenus, dont des rebelles ADF et Maï-Maï.
En juin 2017, une autre évasion avait concerné plus de 900 détenus dans la même prison à la suite d’une attaque de groupes rebelles. Par ailleurs onze personnes, dont huit membres des forces de l’ordre, avaient perdu la vie dans cet assaut meurtrier. De même, une évasion de 301 prisonniers de la prison centrale de Bukavu, en 2014, avait coûté la vie à deux militaires commis à la garde et deux détenus qui tentaient de s’évader. Et la liste n’est pas exhaustive.