Les leaders de l’opposition congolaise étaient dans la rue pour un sit-in, ce jeudi, en dépit des mesures policières. Seulement, la manifestation n’a pu se tenir au lieu initialement prévu, c’est-à-dire la devanture du siège de la CENI.
L’opposition congolaise, mobilisée ce jeudi, n’a pas pu tenir son sit-in comme prévu devant le siège de la CENI. Les autorités kinoises avaient, en effet, déployé sur place la police pour boucler tous les accès au siège de l’institution. Les manifestants mobilisés se sont tout de même réunis dans les environs du siège pour tenir leur sit-in. Occasion pour chaque leader de déverser sa colère et de vilipender le processus électoral en cours.
Martin Fayulu rejette d’emblée le fichier électoral
Le challenger de Félix Tshisekedi en 2018 n’a pas varié dans son appréciation du fichier élaboré par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) : « Vous avez vu, nous avons décidé de faire un sit-in devant le bureau de la CENI. Je crois qu’ils ont compris le message, tout le pays, tout autour, il y a nos militants qui sont là, on les empêche, mais ils sont là. Nous sommes là ! Nous nous présentons pour dire à la CENI, principalement à Monsieur Kadima et à toute son équipe, que nous n’accepterons pas une nouvelle fraude électorale. Nous n’acceptons pas son fichier électoral, son fichier boutiqué et fabriqué pour faire passer Félix Tshisekedi. Nous sommes là pour ça, et nous continuons à résister et nous résisterons ».
Cette position de Martin Fayulu est en opposition directe avec celle de l’équipe d’auditeurs qui a rendu son verdict, lundi dernier. En effet pour ces experts (trois Congolais, un Sud-Africain et un Malawite), le fichier électoral congolais est fiable et peut être utilisé pour les élections de décembre. Cette conclusion de l’équipe d’auditeurs ne rencontre pas l’adhésion de Delly Sesanga non plus.
Delly Sesanga dénonce un « processus chaotique »
Delly Sesanga, un des quatre leaders de la manifestation de ce jour est totalement en phase avec son homologue Martin Fayulu : « Nous dénonçons un processus chaotique. Ce pays n’appartient ni à la CENI ni à Monsieur Tshisekedi ni à ses amis. Ce pays appartient aux Congolais, c’est aux Congolais de s’approprier ce processus électoral. Ce que nous avons amorcé le 20 mai et que nous poursuivons aujourd’hui va dans le sens de sensibiliser la population pour rejeter un processus qui est chaotique sur tous les plans ».
Puis il enchaîne : « On n’a pas la liberté de manifester et d’exprimer nos opinions. On a une CENI que tout le monde sait totalement corrompue qui nous a pondu un fichier dans les conditions les plus opaques, depuis que nous organisons des élections dans ce pays »
Depuis la Chine, Tshisekedi se gausse de l’opposition
Pendant qu’à Kinshasa l’opposition est en mouvement, le Président Félix Tshisekedi, depuis la Chine, lui envoie des flèches. Le chef de l’État congolais a profité d’une adresse à l’endroit de la diaspora congolaise en Chine où il est en visite officielle pour fustiger l’action des opposants. Pour lui, l’opposition navigue à vue. « L’opposition ne sait finalement pas ce qu’elle veut. Elle a dénoncé des choses, notamment la CENI, la Cour constitutionnelle. Mais finalement ces mêmes opposants ont rejoint quand même le processus électoral », lance-t-il.
Félix Tshisekedi remonte même en 2018 au temps où il était lui-même de l’opposition et candidat à la Présidentielle pour étayer son propos : « Ça me rappelle un peu 2018, lorsque les mêmes étaient en train de dire qu’on ne veut pas de la machine à voter et puis, à une semaine des élections, on accepte la machine à voter. C’est la même chose, on dénonce, mais le lendemain, on va s’enrôler et on prend la carte. On ne sait pas ce qu’on veut », conclut-il.