Lors d’une conférence de presse organisée lundi 22 février, Charles Mwando Nsimba, président en exercice du G7, une coalition de partis membres de l’opposition en RDC et dont la figure emblématique est Moïse Katumbi, le très populaire dernier Gouverneur de l’ex-Katanga, a tenu à clarifier la position de son organisation sur quelques sujets essentiels. Au final, il en ressort deux messages très clairs : pas de participation au « dialogue » souhaité par le Chef de l’Etat et nécessité absolue d’organiser l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels.
D’emblée , Charles Mwando Nsimba s’est fait fort de dissiper les rumeurs, fruits d’une interprétation erronée du message contenu dans un communiqué de presse de la plateforme rendu public le 20 février dernier, en déclarant que le G7 n’avait jamais varié de position. Le communiqué en question indiquait en effet « l’importance du dialogue entre acteurs politiques devant aboutir à un accord entre eux dans le respect de la démocratie et de l’Etat de droit pour la tenue et la réussite des élections ». Il évoquait, en outre, l’idée de « négociations directes entre acteurs politiques ».
Mais comme l’a rappelé ce weekend le député Christophe Lutundula Apala, membre de cette plateforme politique de l’opposition, il est hors de question pour le G7 de participer au dialogue tel que souhaité par le Chef de l’Etat Joseph Kabila. « Il n’est pas question pour nous de souscrire au dialogue, institution que le Président convoque pour justement restaurer l’ancien régime », a-t-il martelé au micro de Radio Okapi.
Pas de participation au « dialogue » version Kabila
Autre point sur lequel la position du G7 est sans ambigüité : l’organisation des scrutins électoraux « à bonne date ». Ce qui signifie, dans l’esprit de Charles Mwando et de ses partenaires du G7, que ceux-ci doivent être impérativement organisés dans les délais constitutionnels. Et si d’aventure, ces délais sont dépassés en fin d’année, force sera de constater une vacance du pouvoir au sommet de l’Etat.
« Dans ces conditions », a-t-il précisé, « les élections devront être organisées sous la responsabilité d’un Président intérimaire et dans un délai ne dépassant pas 120 jours conformément aux dispositions des articles 75 et 76 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour. »
Et Charles Mwando d’ajouter: « après le 19 novembre 2016, il y aura un vide constitutionnel. C’est à ce niveau que devra intervenir la question de la présidence intérimaire. Le Président intérimaire sera chargé d’organiser les élections dans un délai ne dépassant pas 120 jours ».
Le député Christophe Lutundula, également présent lors de cette conférence de presse, à l’instar d’Olivier Kamitatu, de José Endundo ou encore de Didier Molisho, a ajouté que l’appel du G7 constituait une forme de mise en garde. «Le G7 ne dit pas que nous allons aller fatalement vers ce scénario d’un Président de la République intérimaire. Mais, c’est dans cette direction qu’on veut nous conduire. Prenons-en conscience », a-t-il averti.
Les dirigeants du G7 ont également profité de cette conférence de presse pour rappeler le succès national de l’opération ville morte, organisée au Congo-Kinshasa le mardi 16 février. Un signe incontestable de la capacité de l’opposition en RDC, sans équivalent dans la sous-région, de mobilisation et de coordination avec la population.
Quant aux élections des Gouverneurs des 21 nouvelles provinces convoquées le 26 mars prochain, le G7 estime qu’il s’agit d’une « distraction » de la part de la majorité et que l’élection à laquelle il faut réellement porter attention est la présidentielle. Au passage, Charles Mwando égratigne le président de la CENI, Corneille Nangaa, devenu, selon lui, « le bouclier de la Majorité Présidentielle… pour obtenir le glissement. Cette façon de se comporter révèle une attitude peu digne de la fonction. »
Organisation de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels
Corneille Nangaa a en effet déclaré, il y a quelques jours, ne pas être en mesure de pouvoir organiser les élections dans les délais constitutionnels. Or, pour Olivier Kamitatu, il s’agit d’ « une fuite en avant ». Il a qualifié le schéma de M. Nangaa d’ « affabulation ». Le président de l’Alliance pour le Renouveau du Congo (ARC) a rappelé que « dans ce pays, on a eu à élaborer un fichier électoral en 7 mois avant le référendum organisé en 2006. Parler de 16 mois pour refaire le fichier électoral, c’est une affabulation parce qu’organiser les élections avec un fichier qui intègre les jeunes majeurs, c’est possible dans les délais constitutionnels ». Selon l’OIF, les autorités du pays sont en effet en capacité, si elles le souhaitent, de réviser le fichier électoral dans un délai de quatre mois. De quoi largement organiser l’élection présidentielle fin 2016.
Dans un communiqué de presse publié lundi 22 février, Thomas Perriello, l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, a invité la classe politique congolaise à rechercher un consensus afin d’organiser les élections dans « les vrais délais constitutionnels ». Pour lui, comme pour une grande majorité de Congolais, le respect de la Constitution, en particulier en ce qui concerne l’organisation de l’élection présidentielle, devient chaque jour un peu plus une ligne rouge à ne surtout pas franchir.