RDC : des policiers déjà déployés pour prendre le relais des Casques bleus au Sud-Kivu


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des éléments de la force onusienne en RDC
Des éléments de la MONUSCO

La MONUSCO a officiellement quitté la province du Sud-Kivu, conformément au plan de retrait consensuel émis par les deux parties, il y a quelques mois. Déjà, la police congolaise est déployée sur les lieux pour prendre le relais.

Le plan de retrait de la MONUSCO validé par le gouvernement de la RDC se poursuit sans encombre. Mardi dernier, la mission a officiellement mis fin à sa présence dans la province du Sud-Kivu. L’essentiel de ses bases dans la province a alors été transmis aux autorités congolaises, sauf les bases de Mikenge, Rutemba et Minembwe appelées à être fermées dans les tout prochains jours. À partir du 1er juillet 2024, seule une petite équipe de 34 civils restera au Sud-Kivu pour assister les agences, fonds et programmes des Nations Unies à maintenir les réseaux d’alerte communautaire, la protection des enfants et le dialogue avec les communautés.

Plus de 370 policiers congolais déjà déployés sur place

La cérémonie de clôture de la mission onusienne au Sud-Kivu, qui s’est déroulée à Bukavu, a connu la présence de la Première ministre congolaise, Judith Suminwa. La responsable du gouvernement a, à l’occasion, annoncé le déploiement effectif de plus de 370 policiers sur les différents sites laissés par la MONUSCO. « Maintenant, c’est au gouvernement de reprendre les choses en main. Et là, c’est tout un processus d’engagement au niveau de la Police nationale congolaise pour rétablir l’ordre (…). Un certain nombre des policiers ont pu être déployés hier (lundi 24 juin, ndlr) ; plus de 370 policiers pour renforcer déjà ce qui existe dans la zone », a déclaré la Première ministre. Avant de poursuivre : « Ce travail-là va continuer pour s’assurer qu’on puisse avoir la sécurité et voir avec les effectifs au niveau de l’armée pour cette montée en puissance pour protéger la population ».

Denis Mukwege inquiet du retrait de la MONUSCO

Si les autorités congolaises semblent sereines et convaincues de leur capacité à combler efficacement le vide créé par le départ de la MONUSCO, ce n’est pas du tout le cas pour le docteur Denis Mukwege. Le gynécologue et candidat à la dernière élection présidentielle n’a pas caché sa vive inquiétude. « Nous réitérons nos vives préoccupations quant au retrait accéléré de la MONUSCO et au transfert des responsabilités aux autorités nationales qui risquent de créer un vide sécuritaire et un déficit de protection des civils très dangereux dans le contexte actuel de la guerre d’agression et d’occupation à laquelle la RDC doit faire face », a-t-il déclaré.

Puis il a enchaîné : « Ainsi, nous exhortons le Conseil de sécurité à rester saisi de la situation en RDC et appelons le gouvernement congolais et la MONUSCO à suspendre le plan de désengagement pour le Nord-Kivu et l’Ituri et à reconfigurer le mandat de la Mission et de la Brigade d’intervention, le temps de mener une réforme profonde du secteur de la sécurité et de la justice en RDC et de déployer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ». Pour Denis Mukwege, ce retrait de la mission onusienne pourrait entraîner une « somalisation » de la région.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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