Lors de la visite officielle de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka en Ituri, cinq journalistes ont été agressés par des agents des forces de l’ordre, soulignant les tensions sur la liberté de la presse dans une région déjà fragilisée par les violences armées. Cet incident, largement condamné, met en lumière les dangers auxquels sont confrontés les journalistes dans un contexte de restriction sécuritaire.
Le séjour de la Première ministre congolaise, Judith Suminwa Tuluka, en Ituri, avait pour objectif d’évaluer l’état de siège et de dialoguer avec les populations locales. Cependant, un incident troublant est venu ternir cette visite officielle : l’agression de cinq journalistes par des agents des forces de l’ordre. Un événement qui soulève des interrogatoires sur la liberté de la presse et la protection des journalistes dans une province en proie à de graves défis sécuritaires.
Une visite officielle sous haute tension
Samedi 23 novembre 2024, la Première ministre Judith Suminwa, accompagnée d’une délégation gouvernementale, atterrit à Bunia, chef-lieu de l’Ituri. Accueillie par le gouverneur militaire, le lieutenant général Luboya Nkashama Johnny, cette visite s’inscrit dans un contexte délicat. La province, sous état de siège depuis trois ans, fait face à une instabilité chronique marquée par des violences armées.
Au cœur de cette mission : évaluer l’impact des mesures fiscales accordées aux opérateurs économiques et faire remonter des propositions au président Félix Tshisekedi. Mais la situation a pris une tournure inattendue dès l’arrivée de la délégation.
Les journalistes pris pour cible
Alors qu’ils étaient dûment accrédités pour couvrir l’événement, cinq journalistes locaux ont été violemment agressés par des agents des forces de l’ordre. Parmi les victimes, des figures bien connues du paysage médiatique iturien :
- Papy Kilongo, de la Radio Sango Malamu (RTS)
- Saliboko Mangala, directeur de la Radio Merveille Bunia (RMB)
- Jospin Masumbuko, de la Radio Communautaire Maendeleo
- Charlie Omba, journaliste du média en ligne Ituri.cd
- Rachidi Kudra, de la Radio École de l’Université de Bunia
Ces journalistes se rendent à l’aéroport national de Murongo pour suivre une conférence de presse du Premier ministre. Cependant, ils ont été empêchés d’accéder au tarmac et brutalisés physiquement.
Une condamnation unanime
Les réactions ne font pas attendre. L’organisation Journalistes en Danger (JED), par la voix de son représentant en Ituri, Freddy Upar, a fermement condamné cet incident. Particulièrement choquante, l’agression de Charlie Omba a suscité une vive indignation, notamment après les révélations sur les violences physiques subies par ce journaliste, y compris sur ses soirées intimes.
Silence du gouvernement et colère des médias
Pour l’heure, ni la délégation gouvernementale ni l’administration militaire locale n’ont communiqué spécifiquement sur cet incident. Ce mutisme alimente la frustration des journalistes, qui dénoncent une atteinte grave à leur liberté et à leur dignité.
David Ramazani, directeur du média en ligne Buniaactualite.cd, a appelé à une meilleure collaboration entre les forces de l’ordre et les professionnels de l’information.
Une problématique plus large
L’agression de ces cinq journalistes met en lumière les défis auxquels sont confrontés les médias en Ituri et dans d’autres régions sous état de siège. L’accès à l’information est entravé par des restrictions sécuritaires, et les journalistes risquent leur vie pour exercer leur métier. Alors que la désinformation peut exacerber les tensions locales, la protection des professionnels de l’information devrait être une priorité.