RDC : Denis Kadima, l’imperturbable président de la CENI


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Denis Kadima, président de la CENI
Denis Kadima, président de la CENI

En RDC, le processus électoral se poursuit inexorablement. Dans moins de deux mois, les électeurs congolais devront élire leurs conseillers municipaux, leurs députés et bien sûr leur président de la République. Du côté de la CENI, on reste zen, avec son président Denis Kadima.

Sa désignation faite à l’Assemblée nationale sur la base d’un vote à main levée, le 16 octobre 2021, avait suscité beaucoup de remous dans l’opposition et même au sein des creusets religieux comme la CENCO. Le député Kabange Numbi, proche de l’ancien Président Joseph Kabila, s’est prononcé en ces termes : « Ça, c’est la pensée unique qui continue. Nous ne pouvons pas comprendre que dans une séance plénière qu’on ait identifié 145 députés et qu’on tienne une séance d’entérinement du bureau de la CENI »… Nous invitons le peuple congolais à se prendre en charge, car si c’est dans ce climat que se dérouleront les élections de 2023, nous pouvons y mettre une croix. Nous appelons à un large consensus national ».

Au nom de la CENCO, l’abbé Donatien Nshole a déclaré : « C’est la toute première fois que la contestation d’un candidat président de la CENI atteint les proportions du cas de Denis Kadima. Ce sont des signes qui ne trompent pas. Nous voulons des élections apaisées, crédibles et nous sommes convaincus qu’avec Kadima, on ne les obtiendra pas ». Même son de cloche chez Martin Fayulu, Moïse Katumbi et bien d’autres éléments de la sphère politique congolaise.

Toutes ces protestations n’ont pas empêché le Président Tshisekedi d’entériner le choix de l’Assemblée nationale en la personne de Denis Kadima. Le 22 octobre 2021, l’homme est confirmé à la tête de la CENI.

Un processus électoral en marche

Dès son installation à la tête de la CENI, Denis Kadima a fait du respect du calendrier électoral un impératif absolu. Beaucoup étaient dubitatifs pendant que lui, il y croyait et tentait de rassurer les uns et les autres. Aujourd’hui, plus on avance vers décembre, plus on est convaincu de la capacité de la CENI de Kadima à tenir, effectivement, dans les délais. Même si l’opposition n’a cessé d’aligner des reproches allant jusqu’à demander un audit externe du fichier électoral, l’unanimité est faite sur le caractère inclusif des prochaines élections du fait d’abord de la CENI et ensuite de la Cour constitutionnelle.

Même Moïse Katumbi, qui n’a jamais été tendre avec la CENI, l’a saluée, mercredi, pour son travail. On sait que la validation de son dossier de candidature n’était pas gagnée d’avance. « Malgré des faiblesses observées et plusieurs fois dénoncées, je tiens à saluer l’attitude de la CENI et de la Cour constitutionnelle pour le traitement équitable des candidatures à l’élection présidentielle », a déclaré le président du parti Ensemble pour la République. Moïse Katumbi a également souhaité que les deux institutions restent sur cette même ligne jusqu’à la fin du processus électoral. Des élections inclusives, les Congolais n’en sont pas très coutumiers. Par le passé, il y avait toujours des candidats écartés pour une raison ou une autre. Ce point est déjà très positif dans l’action de la CENI de Kadima qui d’ores et déjà a des raisons de se vanter quelque peu de son travail.

L’invite de Denis Kadima aux observateurs nationaux

Ce jeudi, à l’occasion de l’ouverture du forum sur l’observation électorale citoyenne en présence des observateurs nationaux, Denis Kadima a exhorté ces derniers à faire leur travail sans complaisance et avec objectivité, en décembre. Pour lui, il faut que les observateurs se démarquent des pratiques habituelles qui font que « les rapports des différentes missions sont très souvent négatifs et les aspects positifs sont très souvent négligés, pour ne pas dire jamais soulignés ».

Sûr de lui, le président de la CENI a invité les observateurs à adopter une démarche comparative pour « juger de la valeur ajoutée ou pas de l’actuelle CENI (…) Il ne faut pas juger 2023 sans se référer à 2018 ».

Mais, le plus gros reste à venir. Il s’agit de la gestion du scrutin proprement dit. Et sur ce point, tout le monde attend Denis Kadima. Et il le sait bien.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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