RDC : démission de Denis Mukwege qui annonce une courbe exponentielle de Covid-19


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Le docteur Denis Mukwege
Le docteur Denis Mukwege

Le prix Nobel de la paix 2018, le docteur Denis Mukwege ne préside plus la Commission chargée de la riposte contre le Coronavirus dans la province du Sud-Kivu. La nouvelle de la démission du médecin a été rendue publique ce matin à travers un communiqué publié sur la page officielle de sa fondation, la Fondation Panzi. Cette décision résulte de plusieurs constats sur l’impossibilité de mettre en place une stratégie efficace pour contenir l’épidémie.


Ce mercredi 10 juin 2020, Denis Mukwege a démissionné de son poste de président de la Commission santé et de celui de vice-président de la Commission multi-sectorielle toutes deux mises en place pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19 dans la province du Sud-Kivu.

A ces postes où il a été nommé depuis le 30 mars 2020 par le gouverneur de la province, le docteur Denis Mukwege a contribué, avec une équipe d’experts locaux, nationaux et internationaux, à mettre en place une stratégie pour empêcher la propagation de la maladie dans la province. Mais le système est handicapé dans son fonctionnement par quelques facteurs que le médecin n’a pas manqué de relever dans son communiqué. « D’une part, l’impossibilité de disposer dans notre province de tests RT‐PCR permettant de confirmer rapidement le diagnostic des Covid+. Le délai requis, de plus de deux semaines, pour recevoir les résultats des prélèvements envoyés à l’INRB à Kinshasa, a constitué un handicap majeur pour notre stratégie basée sur “tester, identifier, isoler et traiter” », peut-on lire dans son adresse.

Il poursuit : « D’autre part, un relâchement des mesures de prévention par notre population, un déni des réalités, l’impossibilité de faire respecter les mesures barrières, la porosité de nos frontières avec le retour massif de milliers de compatriotes venant de pays voisins sans avoir été mis en quarantaine, ont diminué l’efficacité de notre stratégie ».

Par ailleurs, le prix Nobel de la paix 2018 s’offusque des « faiblesses organisationnelles et de cohérence entre les différentes équipes responsables de la riposte à la pandémie dans le Sud-Kivu ».

Tous ces dysfonctionnements de nature à saboter les efforts consentis pour barrer la route à la maladie amènent le médecin à craindre le pire. « A ce jour, au vu de l’afflux de malades affectés par le Coronavirus dans les hôpitaux de Bukavu, il semble indubitable que la maladie est présente dans la ville. Nous sommes donc au début d’une courbe exponentielle épidémiologique et nous ne pouvons plus appliquer une stratégie qui serait uniquement préventive », avertit-il.

Aussi, le docteur Mukwege a-t-il préféré accorder la priorité à ses fonctions de soignant pour s’occuper des malades qui affluent à l’hôpital de Panzi, tout en se disant disposé à ne pas marchander son soutien dans la lutte contre la pandémie dans la province.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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