RDC : début des consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale


Lecture 4 min.
Félix Tshisekedi, Président en exercice de la République Démocratique du Congo
Félix Tshisekedi, Président en exercice de la République Démocratique du Congo

Les consultations politiques en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale ont effectivement débuté ce lundi 24 mars à Kinshasa. Désiré-Cashmir Eberande Kolongele, conseiller spécial du Président Félix Tshisekedi en matière de sécurité, a entamé les discussions avec plusieurs figures majeures de la coalition au pouvoir, l’Union sacrée.

Les premières personnalités reçues dans le cadre du lancement des consultations politiques en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale sont Jean-Michel Sama Lukonde, président du Sénat, Judith Suminwa, actuelle Première ministre, et Augustin Kabuya, président intérimaire et secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti au pouvoir. Ces échanges visent à jeter les bases d’une gouvernance plus inclusive, en réponse aux défis sécuritaires et politiques auxquels la République démocratique du Congo (RDC) est confrontée.

La quête d’une gouvernance plus inclusive

À l’issue de son entretien avec Eberande Kolongele, Jean-Michel Sama Lukonde a insisté sur la nécessité de rassembler toutes les forces politiques et sociales du pays dans un esprit de cohésion nationale. C’est pourquoi il invite formellement tous les acteurs politiques et de la société civile à participer à ces consultations : « Ces consultations politiques s’inscrivent dans un esprit de cohésion et d’unité nationale face à cette situation sécuritaire que vit la RDC en ce moment », a-t-il commencé.

Avant de poursuivre : « À partir de ce moment où on ouvre cette possibilité d’avoir une main tendue pour avoir des échanges élargis avec toutes les forces politiques tant de la majorité et de l’opposition ainsi que de la société civile pour une gouvernance inclusive, nous invitons toutes les autres forces politiques à venir participer à ces échanges et à donner leurs idées, parce qu’ici il s’agit de la patrie, de la souveraineté de notre pays, et surtout de recouvrement total de notre sécurité sur toute l’étendue de la RDC»

De son côté, la Première ministre, Judith Suminwa, a réaffirmé son engagement à œuvrer pour une gouvernance qui reflète les aspirations de l’ensemble des Congolais. L’Union sacrée, qui demeure la principale coalition au pouvoir, cherche ainsi à élargir sa base et à intégrer d’autres acteurs politiques et sociaux dans le processus décisionnel.

L’opposition droit dans ses bottes

Si la majorité présidentielle affiche son enthousiasme pour cette initiative, l’opposition reste droit dans ses bottes, toujours remontée contre l’initiative. Elle rejette catégoriquement ces consultations, y voyant une manœuvre politique du régime Tshisekedi.

Le Front Commun pour le Congo (FCC) de l’ancien Président, Joseph Kabila, a fermement refusé de participer aux discussions. Dans un communiqué signé par Raymond Tshibanda, coordonnateur de la cellule de crise de la coalition, dénonce une tentative de légitimation des institutions issues des élections de décembre 2023, qu’il qualifie de « frauduleuses » et « illégitimes ». Le FCC estime que ces consultations ne sont qu’une « fuite en avant » du régime pour masquer les problèmes de gouvernance et de sécurité qui minent le pays.

L’opposant Delly Sesanga et son parti Envol adoptent une position similaire. Ils estiment que ces consultations ne visent qu’à consolider un pouvoir en perte de légitimité et plaident plutôt pour un dialogue inclusif, tel que proposé par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), à travers le Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble.

Un contexte sécuritaire préoccupant

La formation d’un gouvernement d’union nationale intervient dans un contexte sécuritaire caractérisé par l’avancée du M23 dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. En initiant ces consultations, le Président Félix Tshisekedi espère renforcer l’unité nationale et créer un cadre de collaboration politique élargi pour faire face aux défis de la RDC. Malgré les réticences de l’opposition, les consultations devraient se poursuivre dans les prochains jours avec d’autres acteurs politiques et de la société civile. Reste à savoir si cette initiative aboutira à un consensus ou si elle se heurtera aux profondes divisions politiques qui marquent la scène politique congolaise.

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News