RDC : Covid-19, l’application de la distanciation physique pose problème


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Depuis le 10 mars, la République Démocratique du Congo fait face à la pandémie du Coronavirus. Pour limiter la propagation de cette maladie, le gouvernement congolais a pris plusieurs mesures dont l’interdiction de tous les rassemblements, réunions et célébrations de plus de 20 personnes sur les lieux publics en dehors du domicile familial, la suspension des activités dans tous les lieux des culte ainsi que la suspension de toutes les activités sportives dans les stades et autres lieux de regroupement sportif.

Seulement, l’application de ces mesures mondialement connues pour leur efficacité dans la lutte contre la propagation de la pandémie pose un sérieux problème en République Démocratique du Congo où une couche importante de la population œuvrant dans le secteur informel, notamment le commerce des biens de premières nécessités et le transport en commun, poursuit ses activités sans tenir compte de cette mesure alors qu’une autre reste plutôt attachée à la proximité, à la salutation par la main et au cognement du front, des valeurs culturelles qui traduisent l’hospitalité des Congolais en particulier et des Africains en général. Petit tour d’horizon dans différentes villes de la RDC.

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Avec 24 communes et une population estimée à plus de 12 641 000, selon l’annuaire de l’Institut national de la Statistique de l’édition 2017, Kinshasa, la capitale de la RDC, reste la partie du pays la plus affectée par la pandémie, avec elle seule 2 106 cas confirmés sur les 2 296 que comptent ce pays, à en croire le bulletin épidémiologique de l’institut national de recherches biomédicales publié ce 24 mai.

Face à la maladie, les autorités de la capitale congolaise ont misé sur l’application des mesures barrières dont la distanciation physique qui malheureusement n’est pas respectée dans certaines communes de cette ville . « Nous avons du mal à respecter cette décision au marché. Certes, nous savons qu’il est nécessaire d’appliquer la distanciation d’un mètre, mais nous sommes souvent débordés par les clients qui viennent s’approvisionner », déclare une vendeuse de poissons au marché de Gambela, dans la commune de Kasa-vubu, en plein cœur de Kinshasa.

Les mêmes réalités partout !

Ainsi, le moins que l’on puisse dire est que le problème d’application de cette mesure est observable dans d’autres villes du pays où la majorité des habitants œuvre dans le secteur informel, considéré comme l’un des refuges pour des Congolais au chômage. « Nous sommes habitués à la proximité. Si on peut s’abstenir de se saluer en nous cognant le front et en nous serrant la main, c’est plutôt compliqué de rester à un mètre de distance de l’autre pendant toute une journée ou toute une semaine », fait savoir un jeune étudiant de l’Institut supérieur Pédagogique de Boma, dans la province du Kongo Centrale (151 cas confirmés), dans partie Ouest du pays.

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Malgré les efforts des gouvernements provinciaux, le Haut-Katanga (17 cas confirmés) et le Sud-Kivu (4 cas confirmés), deux provinces situées dans la partie Est du pays connaissent la même situation. « La distanciation physique n’est respectée partout. Honnêtement, nous ne sommes pas habitués à cette mesure », s’exclame avec un ton plaisant une habitante de Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga.

« C’est difficile que la distanciation physique soit respectée à la lettre dans le secteur du transport en commun. Nous pouvons la respecter la journée mais pas le soir. La prise de cette décision devrait être suive par des mesures d’accompagnement, car elle a un impact négatif sur notre rendement alors que nous faisons face à une conjoncture socio-économique sans précèdent pendant cette période », indique un chauffeur de taxi bus de Bukavu, au Sud-Kivu.

Incompatibilité, manque de mesures d’accompagnement ou mauvaise communication autour de la pandémie ? Rien n’est moins sûr. Ces témoignages renforcent les questionnements de nombreux observateurs sur les vraies causes du défaut d’application de la distanciation physique malgré les efforts des autorités de ce pays qui a dépassé la barre de 2000 cas confirmés.

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