En RDC, l’heure est au désengorgement des maisons d’arrêt et à la réforme du système judiciaire et carcéral. C’est l’une des principales missions que s’est assignées le nouveau ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba. Un ministre qui, visiblement, comble les attentes du Président Félix Tshisekedi.
Les prisons congolaises, comme la plupart des maisons d’arrêt des pays africains ont des caractéristiques communes, notamment la surpopulation et les mauvaises conditions de vie des détenus. Le nouveau ministre de la Justice de la RDC, Constant Mutamba, a fait du désengorgement des prisons du pays et de la réforme du système judiciaire et carcéral son cheval de bataille.
1 283 détenus élargis en moins d’un mois
Entre le 3 juillet et ce samedi 27 juillet 2024, quelque 1 283 détenus ont été libérés de la prison centrale de Makala. Rien que ce jour, 421 prisonniers ont été remis en liberté au cours d’une cérémonie présidée à Makala par Constant Mutamba en personne. Une réduction non négligeable d’une population carcérale estimée à 15 300 personnes comprimées dans une prison construite au départ pour seulement 1 500 détenus. Soit plus de 10 fois la capacité prévue de la maison d’arrêt. Sur les 15 300 pensionnaires de cette maison d’arrêt, seuls 2 540 sont effectivement condamnés.
Ce qui revient à dire que tout le reste est en détention provisoire. Et cela pose un sérieux problème quant au fonctionnement de l’appareil judiciaire congolais. Comme un début de solution, Constant Mutamba propose déjà aux magistrats d’éviter à l’avenir de transférer systématiquement tous les prévenus à Makala, mais de privilégier des amendes pour certains délits mineurs. Pour le ministre, seuls les cas graves doivent être dorénavant transférés à la prison de Makala.
« Nous verrons dans quelle mesure drastiquement désengorger et réhabiliter la prison de fond en comble. Nous avons identifié un nouveau site pour y construire une prison moderne », a déclaré Constant Mutamba, ajoutant que « l’objectif est de réduire de moitié la population carcérale de Makala ». Pour atteindre cet objectif, le ministre prévoit de procéder à des libérations hebdomadaires de détenus et dans le même temps à l’amélioration des conditions carcérales qui passe, entre autres, par la réhabilitation des infrastructures sanitaires des maisons d’arrêt. Mais, cette mesure de libération conditionnelle n’est pas ouverte à toutes les catégories de détenus.
Pas de libération pour les auteurs de crimes économiques
Pour être éligibles à ces remises en liberté, les prisonniers doivent remplir certaines conditions. Par exemple, les détenus se trouvant dans un mauvais état de santé peuvent bénéficier d’une remise en liberté. C’est également le cas des prisonniers illégalement retenus comme certains condamnés qui ont déjà purgé leur peine, mais qui n’ont pas été relaxés. En revanche, les personnes incarcérées pour détournements de deniers publics ne sont pas concernées par ces libérations. « Je ne veux pas signer des libérations conditionnelles pour les détourneurs. Par contre, il faudra confisquer leurs biens. J’insiste que cette prison doit être remplie de cette catégorie de personnes », a insisté le ministre de la Justice.
Mutamba, un ministre qui a la confiance de son Président
Prenant la succession de Rose Mutombo à la tête du ministère de la Justice, Constant Mutamba, 36 ans, a visiblement la confiance de Félix Tshisekedi. Au sujet de l’ancien opposant et plus jeune candidat à la Présidentielle de décembre 2023, le Président Tshisekedi a récemment déclaré : « Nous avons un nouveau ministre de la Justice qui est très ambitieux et qui porte vraiment les engagements que j’ai pris à vouloir redresser ce secteur ». Le Président congolais qui a, dans un passé récent, dit que la justice de son pays est malade, ne cesse d’insister sur la nécessité de réformer complètement le système judiciaire. « C’est un des défis que je veux relever. Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas encore obtenu satisfaction, mais le combat continue », fait-il observer.
Ce désir de Félix Tshisekedi trouve un écho favorable chez le ministre de la Justice, un avocat reconnu pour être un fervent défenseur des droits humains et de l’État de droit. « Le chef de l’État nous a donné la mission de redresser l’appareil judiciaire et pénitentiaire. C’est le travail auquel nous nous attelons nuit et jour. Nous sommes en train de faire l’état des lieux de toutes les prisons et prendre les mesures idoines de désengorgement et d’amélioration des conditions carcérales », explique Constant Mutamba.
La lutte contre la corruption : un autre combat
Le ministre de la Justice veut, par ailleurs, mener une lutte implacable contre la corruption et la mauvaise gouvernance économique. Des fléaux qui nuisent gravement à l’économie congolaise en général. Dans un récent rapport, cité par Actualite.cd, la Cour des comptes de la RDC a relevé que plus de 8 millions de dollars de recettes ont été détournés entre les tribunaux, parquets et services de police de Kinshasa. Lorsque la corruption atteint à ce point ceux qui sont censés être les gardiens du temple, c’est qu’il y a réellement lieu d’agir vite. Et c’est ce que semble vouloir faire Constant Mutamba.