Après la condamnation, ce week-end, de Vital Kamerhe, à 20 ans de travaux forcés et 10 ans d’interdiction d’exercice du droit de vote et du droit d’éligibilité par le Tribunal de grande instance de Kinshasa, plusieurs observateurs se questionnent déjà sur l’avenir de l’alliance Cap pour le Changement, coalition entre ce parti et l’Union pour la démocratie et le progrès social de Felix Tshisekedi. Pour l’instant, tout semble être plutôt calme du côté de cette coalition, malgré quelques indignations de l’UNC, alors que du côté des militants on note des manifestations réclamant la libération de leur leader ainsi que la fin de cette coalition.
En effet, si certains peuvent se réjouir de cette condamnation, qui, selon eux, annonce le début de « l’Etat de droit », le parti cher à Vital Kamerhe et ses milliers de militants dénoncent ce qu’ils qualifient « d’acharnement » contre le nouveau locateur de la prison de Makala. Ainsi, le moins que l’on puisse dire est que le week-end a été marqué par des manifestations dans plusieurs parties de la République Démocratique du Congo, dont à l’Est, le fief de Vital Kamerhe, et son parti politique a dénoncé ce qu’il qualifie de « caractère inique » du procès, qui a conduit à la condamnation de son président.
« Le plan de sa condamnation était déjà concocté » !
Dans un communiqué publié dans la matinée de ce 21 juin, ce parti politique indique que ce jugement était largement basé sur les suppositions et dénonce ainsi les circonstances de l’arrestation de son président : « le tribunal était dans l’incapacité d’établir la culpabilité de Vital Kamerhe et s’est contenté de reprendre le réquisitoire du ministère public tant dans sa motivation que dans son dispositif. Ce qui donne à penser que les juges n’ont pas fourni un effort suffisant pour instruire leur intime conviction. Les circonstances et les conditions de son arrestation, le refus systématique de lui accorder la liberté provisoire, le rejet en bloc des exceptions, même d’ordre public, soulevées par ses avocats, laissent croire que le plan de sa condamnation était déjà concocté ».
#UNC
DÉCLARATION DE LA DPN DU PARTI SUITE AU JUGEMENT INIQUE RENDUE CE 20 JUIN 2020 PAR LE TGI/GOMBE, OPPOSANT LE MP À AU PN, L'HONORABLE @VitalKamerhe1 pic.twitter.com/5SeANjv8Sv— UNC_RDC Officiel (@uncrdc) June 22, 2020
Tout en criant à l’acharnement contre son président, l’UNC réitère tout de même son appartenance à la coalition Cap pour le Changement dans laquelle il est avec l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, parti cher au Président congolais Felix Tshisekedi : « Soulevons par ailleurs que le fait d’infliger à une personne, qui n’a jamais fait l’objet d’une condamnation judiciaire auparavant et qui a rendu des loyaux services à la nation pendant plus de trois décennies, la peine la plus sévère, met en exergue l’intention malveillante de nuire à sa carrière politique. L’UNC réaffirme son appartenance au Cap pour le changement et recommande la formalisation de son organisation tout en soutenant la coalition gouvernementale Cash-Fcc ».
L’indignation des militants !
Cette condamnation de Vital Kamerhe n’est pas passée inaperçue en République Démocratique du Congo. Munis des calicots sur lesquels on pouvait lire « Nous exigeons la libération de Vk », des partisans du président de l’UNC ont organisé des manifestations à Walungu, son village natal, Bukavu et Goma, dans la partie Est de ce pays. Approché, l’un des manifestants a laissé entendre : « Cette condamnation montre les failles de la justice congolaise. Ils ont écarté notre leader de la course au scrutin électoral de 2023. En attendant l’appel des avocats, nous estimons qu’il est temps de mettre fin à la coalition Cach ».
Pour rappel, la majorité de ces manifestations ont été étouffées par les éléments des forces de l’ordre, qui étaient déployés depuis la matinée du samedi 20 juin devant tous bureaux du parti politique de Vital Kamerhe, situés dans ces villes du pays.
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