RDC : comment l’entourage de Kabila compte décrédibiliser Katumbi


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En RDC, les autorités et les services de sécurité sont à la manœuvre tous azimuts pour tenter de décrédibiliser Moïse Katumbi. Mais face à l’absence d’éléments matériels démontrant la moindre implication de ce dernier dans la constitution de milices, le pouvoir en est réduit à tenter de fabriquer ses propres preuves. Une stratégie machiavélique qui ne leurre ni les Congolais, ni la communauté internationale.

« Ils vont perquisitionner les domiciles de Franck Mwashila, Yannick Muteba et IdiSefu », a-t-on appris de sources internes à l’Agence Nationale de Renseignements à Kinshasa. Ces trois jeunes, originaires de Lubumbashi, ont été transférés, lundi dernier, dans les locaux de l’ANR à Kinshasa – à l’issue de la marche pacifique organisée dimanche dans la commune de la Kenya –et torturés afin de leur faire avouer une supposée participation à une milice qu’aurait créée Moïse Katumbi, à qui le pouvoir a juré la perte. Depuis lors, leurs proches n’ont plus aucune nouvelle. Comme l’a dénoncé l’ACAJ (l’Association congolaise pour l’accès à la justice) dans son dernier communiqué, ces trois personnes n’ont pu recevoir ni la visite d’un avocat, ni celle de leur famille. Et nul ne sait exactement où elles se trouvent à l’heure actuelle.

Problème : « lors de ces perquisitions, rien de compromettant ne devrait été trouvé, ni armes, ni même le moindre début d’un commencement de preuve en vue de la constitution d’une milice », précise notre source. Un « obstacle » que les agents des services de renseignements congolais devraient, avec un peu d’imagination, parvenir à surmonter. Notre source interne à l’ANR de Kinshasa, qui réprouve ces pratiques, nous a indiqué que « comme rien ne sera manifestement retrouvé au domicile de ces trois personnes, des preuves risquent d’y être disposées ». « Les instructions sont claires. On nous demande des résultats », nous explique-t-il. Traduction : si on ne trouve pas de preuves, il faut les créer… Visiblement, du côté du Pouvoir, on ne change pas de méthode. Aucune leçon n’a été tirée de l’épisode impliquant Pierre Lumbi et ses enfants.

« Il faut fabriquer des preuves impliquant Moïse Katumbi dans la constitution de milices »

Ces informations sont corroborées par d’autres, tout aussi graves. Hier, vendredi 29 avril, une réunion du Haut Conseil de Sécurité s’est tenue dans la capitale du Haut-Katanga, à Lubumbashi, suite à la diffusion d’un reportage sur Télé 50, une chaîne du pouvoir, annonçant le recrutement en cours de miliciens par Moïse Katumbi et concluant sur le fait que des « preuves seraient apportées bientôt » pour étayer ces allégations. Motivée par le très fort scepticisme ayant accueilli ces allégations et présidée par le nouveau Gouverneur de la province, Jean-Claude Kazembe, cette réunion a été très claires dans ses conclusions, selon une indiscrétion recueillie auprès de l’un des participants : « il faut fabriquer des preuves impliquant Moïse Katumbi dans la constitution de milices ».

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Pour mener à bien cette opération, plus de 100 000 dollars auraient été prévus par le Gouvernorat de Province. Leur emploi final ? Façonner des preuves de l’existence de ces milices et payer les frais de mission des agents de l’ANR et autres officiers des renseignements militaires, indique notre source. Et il n’y a d’ailleurs pas de temps à perdre. « Ces derniers sont déjà sur le terrain à Pweto, Kilwa, Kasenga, et dans les villages environnants avec un objectif en tête : créer ces fameuses milices, preuves irréfragables (espèrent-ils) de l’implication de Moïse Katumbi dans un coup de force à venir contre le pouvoir. Le recrutement de jeunes désœuvrés et manipulés (qui ne sont pas au courant de l’objectif final de l’opération) se fait sur la base de 100 dollars par personne. L’idée est de leur faire commencer l’entrainement le plus tôt possible pour ensuite venir les arrêter. Afin de crédibiliser un tel scénario, d’anciennes tenues militaires et des armes ont été envoyées en nombre dans ces localités. Une fois arrêtées, ces jeunes recrues seront traduites devant la justice, qui se chargera alors de faire la démonstration de l’implication de Moïse Katumbi dans sa supposée volonté de prendre le pouvoir par la force », , selon notre source.

Enfin, preuve qu’il s’agit bien d’une stratégie globale de la part du pouvoir, suite notamment à la déclaration du G7 appelant Moïse Katumbi à se porter candidat à l’élection présidentielle, les autorités de Kinshasa tenteraient également de fomenter des rebellions dans l’Est du pays, censées elles aussi déclarer leur soutien inconditionnel à une candidature présidentielle de Moïse Katumbi, a-t-on appris de sources internes à l’ANR. Au nombre d’entre elles, figure la rébellion Nyatura à qui il a été sommé de se réclamer du dernier Gouverneur de l’ex-Katanga. « Ici aussi, ces rebelles, qui ont en réalité fait allégeance au régime de Kinshasa moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, ne sont que des instruments destinés à démontrer la détermination de Moïse Katumbi de prendre le pouvoir par les armes », indique notre source.

« Des méthodes staliniennes » dénoncent un Ambassadeur en poste à Kinshasa, « qui ne leurrent ni l’écrasante majorité des Congolais, ni la communauté internationale ». Au contraire, « de telles méthodes risquent de se retourner contre le Pouvoir lui-même », tranche un responsable onusien en poste au Congo démocratique, qui qualifie ces stratagèmes d’« ubuesques ». Et pour cause, comme il l’a de nouveau répété hier vendredi, dans son communiqué de presse, le « combat (de Moïse Katumbi) en faveur de la démocratie est et restera pacifique, en toutes circonstances. » Sur ce point au moins, il est difficilement permis de douter…

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