Un mouvement d’humeur a agité la prison centrale de Mbandaka, dans la nuit de samedi à dimanche. Le pénitencier a été le théâtre d’une tentative d’évasion qui a rapidement dégénéré en un soulèvement de détenus, suscitant de vives inquiétudes sur les conditions carcérales dans cette institution vétuste.
Dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 septembre 2024, plusieurs prisonniers ont déclenché un incendie dans le bureau administratif pour créer une diversion et faciliter leur fuite de la prison centrale de Mbandaka. Cette position soutenue par des sources anonymes évoquées par Radiookapi.net diffère de celle du directeur de la prison, Fernando Engomba. Ce dernier a contredit cette version, affirmant qu’il s’agissait d’une révolte motivée par la maltraitance dont les détenus se disent victimes, notamment de la part d’un responsable connu sous le nom de « Maréchal ».
De nombreux dégâts matériels
Les détenus, dans un élan de colère, ont endommagé le bureau administratif, brûlant des documents essentiels et mettant le feu à des bureaux du greffe civil et militaire, ainsi qu’à un dépôt contenant matelas, médicaments et rations alimentaires destinées à les nourrir jusqu’en novembre. Malgré ces dégâts importants, aucune perte humaine n’est à déplorer parmi les 347 détenus. Trois d’entre eux ont toutefois été gravement blessés et ont dû être transférés à l’hôpital général de référence de Wangata.
Fernando Engomba a précisé que le dispositif de sécurité mis en place autour de la prison a permis d’éviter toute évasion. Cependant, il a exprimé son regret face à la destruction des dossiers archivés. Pour apaiser la situation, les autorités ont décidé de remplacer le chef des prisonniers et son équipe par de nouveaux responsables.
Face à cette crise, des voix s’élèvent parmi les acteurs locaux pour demander la construction d’une nouvelle prison conforme aux normes internationales. La prison centrale de Mbandaka, construite en 1930, est souvent décrite comme vétuste et inadaptée pour accueillir les détenus dans des conditions dignes.
Le problème général des prisons en RDC
Les événements de la nuit dernière soulignent les tensions croissantes au sein du système pénitentiaire congolais, appelant à une réflexion urgente sur les conditions de détention et les droits des prisonniers. Des mesures doivent être prises pour garantir la sécurité et le bien-être des détenus, tout en évitant que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir. Parlant d’incident, la tentative d’évasion de la prison centrale Makala dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024, qui a débouché sur un véritable carnage avec près de 150 morts, est toujours très prégnante dans les pensées en RDC.
Moins d’une semaine après ce drame, la prison centrale de Bunia, située dans la province de l’Ituri, a été le théâtre de fortes tensions. Des détenus ont tenté de se révolter, criant et forçant les barrières de leur enclos. Cette agitation avait conduit les autorités à renforcer les mesures de sécurité pour contenir la situation.
Cette semaine encore la Fondation Bill Gates pour la paix a tiré la sonnette d’alarme au sujet de la prison de Kakwangura à Butembo, province du Nord-Kivu, en RDC où les détenus souffrent le martyre. Lors d’une récente visite à la maison d’arrêt, la FBCP a constaté que beaucoup parmi les détenus sont contraints de rester debout jusqu’à 20 heures par jour en raison du manque d’espace. Les conséquences de cette surpopulation sont alarmantes : plusieurs d’entre eux souffrent de pieds enflés, provoqués par la station debout prolongée dans des eaux usées issues de la cuisine.