RDC : ce cambriolage du bureau du ministre de la Justice qui inquiète


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Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice
Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice

L’affaire de la tentative d’évasion de la prison centrale de Makala a fait de l’ombre à une autre affaire non moins importante qui s’est déroulée au même moment, dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 septembre 2024. Il s’agit du cambriolage du bureau du ministre de la Justice, Constant Mutamba.

Une affaire peut en cacher une autre. C’est ce qui se passe actuellement en RDC où la nuit du dimanche 1er au lundi 2 septembre 2024 a été secouée par deux grosses affaires : la tentative d’évasion de la prison de Makala qui a viré à la tragédie et qui polarise l’attention, et le cambriolage du bureau du ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Constant Mutamba. C’est un simple communiqué émis par le cabinet du ministre, le 2 septembre, et relayé seulement par quelques médias locaux qui informe de cette affaire qui soulève tout de même de graves problèmes quant à la sécurité des institutions dans cette RDC où tout semble à faire.

Les faits

Nous vous livrons ici la substance du communiqué : « Le cabinet de son excellence, Monsieur le ministre d’État, ministre de la Justice et garde de Sceaux informe l’opinion qu’il a été constaté que dans la nuit du dimanche 1 au lundi 2 septembre 2024, une intrusion par effraction a été opérée dans le bureau de son excellence, Monsieur le ministre d’État à partir de l’antichambre. Il a été observé d’une part, que la porte de l’antichambre a été forcée, le système électronique de surveillance réinitialisé. Et d’autre part, que des poussières suspectes ont été dispersées dans le bureau. Des enquêtes sont ouvertes pour éclairer les circonstances de cette situation malheureuse, œuvre des forces négatives et mafieuses qui se sentent menacées dans la lutte engagée pour assainir la justice de notre pays ».

Cet acte a été posé alors que l’occupant du bureau, Constant Mutamba, était en mission à l’intérieur du pays. Non seulement les cambrioleurs ont détruit la base de données des caméras de surveillance, mais ils auraient également volé des documents importants.

Maintenant les problèmes

Cette intrusion nocturne dans le bureau du ministre de la Justice pose de sérieux de sécurité des institutions en République Démocratique du Congo. Comment des personnes animées de mauvaises intentions peuvent-elles pénétrer aussi facilement et nuitamment dans les locaux d’un ministère aussi sensible que celui de la Justice et accéder sans coup férir au lieu qui est censé y être le mieux protégé, c’est-à-dire le bureau du ministre ? Et avoir le temps de réinitialiser le système électronique surveillance, de détruire la base de données des caméras de surveillance ? En un mot, effacer les traces de leur passage. Que faisaient les responsables de sécurité à ce moment-là ?

Tout porte à croire que l’opération s’est déroulée avec l’appui d’une complicité interne. Les enquêtes en cours révèleront certainement ce qu’il en est. Mais, pour qui suit l’actualité de la RDC ces dernières années, ce cambriolage n’est pas une surprise. Pas plus tard que le 19 mai 2024, une poignée d’hommes conduits par Christian Malanga a réussi à pénétrer avec une facilité déconcertante les locaux du Palais de la nation où se trouvent les bureaux de la Présidence. Comme si les lieux ne bénéficiaient d’aucun service de sécurité. Il s’est écoulé quelques minutes avant que les éléments de la garde républicaine s’en prennent au commando dont le chef a été abattu et les autres membres interpellés.

Par ailleurs, quand on connaît la guerre que le ministre de la Justice a déclarée aux « réseaux mafieux » de l’appareil judiciaire du pays, le système de sécurité devrait être autrement renforcé autour de lui. Il ne pouvait pas s’attaquer de façon aussi frontale à un système en place depuis plusieurs années et ne pas s’attendre à des actions de déstabilisation et de représailles de la part des acteurs de ce système. Ceci semble être un avertissement pour Constant Mutamba qui sait désormais à quoi s’en tenir, et devrait prendre de nouvelles dispositions pour sa sécurité personnelle.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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