Les violents affrontements qui ont secoué la ville de Goma, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), ont causé la mort d’au moins 700 personnes et blessé environ 2800 autres, selon un bilan communiqué par les Nations Unies. Ces combats, qui se sont déroulés entre le dimanche 26 janvier et le jeudi 30 janvier 2025, opposent les Forces armées de la RDC (FARDC) aux rebelles du M23, un groupe armé constitué principalement de soldats dissidents de l’armée congolaise.
Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, a souligné que ce bilan pourrait encore augmenter en raison de la situation instable qui persiste sur le terrain. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), en collaboration avec ses partenaires et le gouvernement congolais, a réalisé une évaluation des pertes humaines au cours des cinq derniers jours. Selon les premiers rapports, les autorités sanitaires ont pris en charge 2800 blessés, et le nombre de victimes pourrait se redresser à mesure que davantage d’informations seront recueillies, indiquent les Nations Unies dans un communiqué.
Lors du Conseil des ministres du 31 janvier, le gouvernement congolais a qualifié les événements de « véritable carnage », non sans exprimer son désarroi face à l’ampleur de la tragédie qui frappe la population locale. La situation à Goma est d’autant plus complexe que la ville est un point stratégique dans les luttes pour le contrôle des ressources minières dans la région, rendant les combats particulièrement intenses.
Le M23 et ses alliances
Le M23, ou Mouvement du 23 Mars, est un groupe armé qui a vu le jour en 2012 à la suite de la défection d’une partie de l’armée congolaise. Après une brève période de conquêtes militaires, le M23 avait été défait en 2013 par les FARDC, soutenues par les Casques bleus de la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo). Cependant, le groupe rebelle a refait surface en 2022, prenant d’assaut plusieurs localités de la province du Nord-Kivu, qui se trouve à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda.
Les autorités congolaises accusent le Rwanda de soutenir activement le M23, notamment en fournissant un soutien militaire. Ces accusations sont corroborées par plusieurs rapports d’agences onusiennes, qui pointent la complicité du Rwanda dans l’armement et le financement du groupe rebelle. Pour le gouvernement congolais, le M23 est un groupe terroriste, et il rejette fermement toute possibilité de négociation avec ses membres.
Le Rwanda réfute toutes les accusations
De son côté, le Rwanda nie catégoriquement les accusations de soutien militaire au M23. Le gouvernement de Kigali soutient que le M23 est un mouvement purement congolais, dirigé par des Congolais, malgré la présence de membres du groupe qui parlent le kinyarwanda, la langue du Rwanda. Kigali met également en doute la véracité des rapports des Nations Unies, affirmant que ces derniers ne tiennent pas compte du contexte plus large du conflit régional.
Le Rwanda insiste sur le fait que le M23 représente une menace pour sa sécurité nationale, notamment en raison de la présence de groupes armés rwandais sur le sol congolais. En particulier, le Rwanda accuse le gouvernement congolais d’entretenir des liens avec des milices comme les Wazalendo et les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), des groupes qui seraient responsables du génocide rwandais de 1994. Selon Kigali, cette collaboration entre les autorités congolaises et ces groupes armés viseraient à déstabiliser le gouvernement du Rwanda.
Goma au cœur d’une lutte stratégique
La région du Nord-Kivu, où Goma est située, est au cœur d’une lutte stratégique pour le contrôle des ressources naturelles, telles que les minéraux rares, qui alimentent une grande partie de l’économie mondiale. Le contrôle de ces ressources est souvent perçu comme un enjeu de pouvoir et de survie pour les groupes armés qui se battent dans cette zone.
Les accusations mutuelles entre la RDC et le Rwanda, ainsi que l’instabilité prolongée dans la région, rendent la situation difficile à résoudre. Les tentatives de négociation ont échoué à plusieurs reprises, et la violence semble se perpétuer dans un cycle sans fin. Les Nations Unies et d’autres acteurs internationaux tentent d’intervenir, mais la situation sur le terrain reste particulièrement compliquée, avec des affrontements sporadiques et un nombre de victimes qui ne cesse de croître.