Alors que la situation sécuritaire à Goma se détériorait, Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), a été secouée par des manifestations violentes. Ces dernières ont culminé par l’attaque de plusieurs ambassades étrangères. Preuve d’une intensification des tensions liées à la guerre dans l’Est du pays. En parallèle, les combats se poursuivent à Goma, où la population vit dans la terreur et l’incertitude.
Depuis plusieurs mois, Goma, ville stratégique du Nord-Kivu, est le théâtre d’affrontements entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, selon les autorités congolaises. Après plus de trois ans de combats, les rebelles ont intensifié leurs attaques et sont parvenus à entrer dans plusieurs quartiers de la ville dans la nuit de dimanche à lundi.
Violences et chaos humanitaire à Goma
La situation est dramatiquement critique. Selon l’ONU, au moins 17 personnes ont perdu la vie, et plus de 370 autres ont été blessées, la plupart par balles. Les hôpitaux de Goma sont débordés, avec des blessés arrivant par milliers. Les médecins sont contraints de trier les patients en fonction de la gravité de leurs blessures, faute de ressources suffisantes pour tous. Parmi les victimes, des civils, dont des bébés, sont touchés par les violences. Les corps jonchent les rues, et de nombreux habitants sont coincés chez eux, privés d’eau et d’électricité.
L’accès à certains quartiers reste impossible pour les observateurs indépendants, ce qui complique l’évaluation précise de la situation. L’ONU a exprimé son inquiétude face à l’aggravation de la situation humanitaire. La distribution de l’aide alimentaire a été suspendue en raison des risques liés à la sécurité. Environ un million de personnes vivent à Goma, et une grande partie d’entre elles est désormais déplacée. Quelque 400 000 personnes ont fui les combats depuis le début du mois de janvier, et la situation ne cesse de se détériorer.
Risque de dissémination d’Ebola à Goma
La Croix-Rouge internationale a également tiré la sonnette d’alarme sur les risques sanitaires liés aux combats, en particulier en ce qui concerne la possible dissémination de virus comme Ebola. Le laboratoire de l’Institut national de recherches biomédicales de Goma, où sont conservées des souches du virus Ebola, se trouve dans une zone de combat. Le Comité international de la Croix-Rouge a exprimé de vives inquiétudes quant à la préservation des échantillons de virus, qui pourraient causer des épidémies graves si elles étaient compromises en raison des affrontements.
La situation à Goma est devenue une véritable poudrière, avec des risques sanitaires et humains accrus par la violence des combats. La ville, déjà en proie à une crise humanitaire chronique, fait face à une catastrophe encore plus grande. Pendant que Goma est en proie à la guerre, Kinshasa connaît à son tour une montée de violence. Des manifestations violentes ont éclaté dans la capitale congolaise, dirigées principalement contre les pays accusés de soutenir le M23.
Attaques d’ambassades à Kinshasa
Les ambassades de plusieurs nations, dont celles du Rwanda, de la France, de la Belgique, de l’Ouganda et des États-Unis, ont été attaquées par des manifestants furieux. Le bâtiment de l’ambassade de France a été incendié par les manifestants, bien que le feu ait été maîtrisé rapidement. D’autres ambassades ont été également prises pour cible, mais les manifestants n’ont pas pénétré à l’intérieur des bâtiments diplomatiques.
Selon des sources locales, la police congolaise a dû utiliser des grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires, notamment devant l’ambassade d’Ouganda. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a fermement condamné ces attaques, les qualifiant d’« inadmissibles ». Il a précisé que des mesures étaient prises pour assurer la sécurité du personnel diplomatique et des ressortissants français à Kinshasa. Les autorités congolaises, quant à elles, ont exprimé leur désapprobation face à la violence.
Relations entre la RDC et le Rwanda au plus bas
Des enquêtes seraient menées pour identifier et poursuivre les responsables de ces attaques. Les événements de ce mardi 28 janvier s’inscrivent dans un contexte très tendu. Le Rwanda, accusé de soutenir le M23, se trouve dans une position délicate sur le plan international, particulièrement après les manifestations à Kinshasa. Les relations entre la RDC et le Rwanda sont au plus bas, avec des accusations réciproques de soutien aux groupes armés dans la région des Grands Lacs.
La situation à Goma, déjà préoccupante, risque de prendre une tournure plus grave encore. Un sommet extraordinaire de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) est prévu pour le 29 janvier, où les Présidents du Rwanda et de la RDC, Paul Kagame et Félix Tshisekedi, devraient discuter de la crise. Ce sommet pourrait être un moment important pour la résolution du conflit, bien que les tensions restent vives et les perspectives de dialogue limitées.
L’ONU et l’Union africaine en alerte
De son côté, l’ONU a convoqué une nouvelle réunion du Conseil de sécurité pour examiner les développements. L’Union africaine, par le biais de son Conseil paix et sécurité, prévoit également une session d’urgence pour discuter de l’escalade des combats dans l’Est de la RDC. La tension monte à Goma et à Kinshasa. La fermeture des postes-frontières avec le Rwanda à Gisenyi et les affrontements qui se poursuivent dans la région accentuent l’instabilité dans la zone.