Au Congo-Kinshasa, le Parlement s’est réuni ce jeudi 27 avril après-midi au Palais du Peuple pour signer l’arrangement particulier, destiné à régler les modalités de mise en œuvre pratique de l’accord de la Saint-Sylvestre. Autrement dit, organiser concrètement le partage du pouvoir et la gestion de la transition entre la majorité et l’opposition jusqu’aux élections.
Peine perdue. « Aujourd’hui à Kinshasa, Kabila s’est arrangé avec lui-même », peste un ambassadeur en poste dans la capitale RD congolaise. En effet, l’arrangement en question n’a été signé que par la majorité présidentielle et une partie marginale de l’opposition. « Il s’agit d’une mascarade, d’un simulacre de signature », poursuit cet ambassadeur qui ne décolère pas.
Logiquement, la cérémonie a été largement boycottée. Par l’ONU tout d’abord, son représentant en RDC, le chef de file de la Monusco, Maman Sidikou, n’était pas présent au Palais du Peuple de Kinshasa cet après-midi. Idem pour les ambassadeurs des « grands » pays occidentaux : Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, France ou encore Belgique.
Même position du côté de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui a tenté de jouer les médiateurs depuis plusieurs mois entre la majorité et l’opposition RD congolaise. Boycott également du côté du Rassemblement de l’opposition (Félix Tshisekedi, Pierre Lumbi, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, etc.), ainsi que du MLC de Jean-Pierre Bemba et d’Eve Bazaïba. Valentin Mubake quant à lui, l’ex-conseiller politique d’Etienne Tshisekedi, un temps annoncé au Palais du Peuple, a finalement renoncé à s’y rendre.
Un passage en force au prix d’un isolement croissant
Sur son compte Twitter, Francis Kalombo a fustigé « l’opposition présidentielle signataire de l’accord du 18 octobre 2016, avec Joseph Olenghankoy et Lisanga Bonganga, qui viennent de signer leur adhésion à la MP en vue de participer au Gouvernement ». Le Rassemblement, dont il est membre, a dénoncé par voie de communiqué un « coup de force » de la part du régime et appelé à la mise en œuvre de l’article 64 de la Constitution. Eve Bazaiba, la secrétaire générale du MLC et coordinatrice du Front pour le respect de la Constitution a, elle, qualifié de « machiavélique » l’attitude de la Majorité Présidentielle.
Depuis plusieurs mois, Joseph Kabila a décidé de mener un bras de fer avec l’opposition congolaise et la communauté internationale. L’événement du jour n’en est que le dernier opus. « Kabila tente de passer en force », décrypte un fin connaisseur de la vie politique kinoise, « au risque de radicaliser l’opposition et de durcir la position de la Cenco, très influente dans le pays ». Une fuite en avant à l’issue incertaine et au prix d’un isolement croissant.