RDC-Angola : Félix Tshisekedi et João Lourenço poursuivent le dialogue malgré la fin de la médiation


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Félix Tshisekedi et João Lourenço, à Luanda, ce mercredi 26 mars 2025
Félix Tshisekedi et João Lourenço, à Luanda, ce mercredi 26 mars 2025

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a rencontré ce mercredi à Luanda son homologue angolais, João Lourenço, marquant ainsi une volonté commune de poursuivre le dialogue diplomatique, malgré la fin de la médiation angolaise dans la crise opposant Kinshasa à Kigali.

La rencontre entre les deux dirigeants a eu lieu moins d’une semaine après l’annonce du retrait de l’Angola du rôle de médiateur entre la RDC et le Rwanda. « La rencontre entre son Excellence João Manuel Gonçalves Lourenço, président de la République d’Angola et président de l’Union africaine, et son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République démocratique du Congo, vient de s’achever », a déclaré Antonio Tete, ministre angolais des Affaires extérieures, au terme de l’entretien.

Un dialogue maintenu malgré la fin de la médiation

Bien que Luanda ne joue plus officiellement le rôle de médiateur, les deux chefs d’État ont réaffirmé leur désir de conserver des consultations régulières. Cette décision s’inscrit dans le cadre des responsabilités actuelles de l’Angola en tant que président en exercice de l’Union africaine.

Cette rencontre bilatérale se tient dans un contexte diplomatique tendu. Récemment, Félix Tshisekedi s’est entretenu avec le Président rwandais, Paul Kagame, à Doha, au Qatar, en dehors du cadre du processus de Luanda. Cette initiative a suscité la surprise des autorités angolaises, qui ont publiquement exprimé leur étonnement.

Des tensions persistantes et un processus de paix remanié

Une tentative de rencontre entre Tshisekedi et Kagame avait déjà échoué en décembre 2024 à Luanda en raison de l’absence du président rwandais. Kigali exigeait alors un dialogue direct entre Kinshasa et le groupe rebelle AFC/M23, une condition refusée par la RDC. Plus récemment, le 18 mars, Kinshasa avait finalement accepté une rencontre avec l’AFC/M23 dans le cadre du processus de Luanda, mais ce sont les rebelles qui ont cette fois refusé de s’y prêter, invoquant des sanctions européennes contre certains de leurs responsables. Ces revers diplomatiques ont poussé le Président angolais à annoncer son retrait du processus de médiation pour se concentrer sur ses priorités en tant que Président de l’Union africaine.

En parallèle, un sommet conjoint des chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) a abouti à la fusion des processus de Luanda et de Nairobi. Un panel de cinq facilitateurs a été mis en place afin de mettre en œuvre une feuille de route commune axée sur la relance du dialogue politique, la prévention d’une escalade militaire et la mise en place d’un mécanisme de vérification du cessez-le-feu.

Un rôle grandissant du Qatar

Dans le même temps, le Qatar poursuit discrètement ses efforts pour faciliter les discussions entre Kigali et Kinshasa. Après la rencontre Tshisekedi-Kagame à Doha, le pays du Golfe pourrait jouer un rôle grandissant dans la résolution de la crise, bien que son implication reste informelle.

Si les initiatives régionales et internationales se multiplient, le conflit dans l’est de la RDC demeure complexe et difficile à résoudre. La question reste de savoir si cette nouvelle configuration diplomatique permettra enfin d’aboutir à une solution durable. En tout cas, les populations de l’est de la RDC n’attendent que ça pour retrouver une vie normale après des années de souffrances et de terreur imposées par les groupes rebelles.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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