Voici deux ans que la mesure de l’état de siège annoncée à grand renfort médiatique est mise en œuvre dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Officiellement, cette mesure exceptionnelle devait permettre d’éradiquer rapidement l’insécurité qui règne dans ces deux provinces de l’Est de la RDC. Mais à l’arrivée, la situation s’est plutôt détériorée. C’est le constat fait, ce samedi par Amnesty International et la société civile du Nord-Kivu.
6 mai 2021. L’état de siège décrété quelques jours plus tôt par le Président Félix Tshisekedi entre en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Des militaires ayant comme adjoints des policiers ont remplacé les gouverneurs civils. Carte blanche leur avait été donnée pour agir et pacifier l’Est de la RDC. Au bout de quelques semaines, une bonne partie de la population congolaise parmi lesquels les politiques, la société civile et même les autorités religieuses a commencé par décrier cette mesure exceptionnelle. Mais rien n’y fit.
Un bilan désastreux
Parti pour durer en principe un mois, l’état de siège est continûment reconduit, depuis deux ans. Et le bilan, au terme des deux ans, n’a rien de reluisant, à en croire Amnesty International et la société civile du Nord-Kivu. Pour la première, « la situation sécuritaire dans les deux provinces s’est considérablement détériorée », avec « une recrudescence des attaques contre les civils ». Pour l’ONG, l’état de siège a également « aggravé la situation des droits humains », avec des arrestations arbitraires. Par conséquent, Amnesty International recommande au Président congolais de « lever cette mesure répressive, sans délai ».
De son côté, la société civile du Nord-Kivu dresse aussi un bilan désastreux de ces deux ans de gouvernance militaire dans les deux provinces. Edgar Mateso, le vice-président de la société civile, dénonce un recul non seulement sur le plan sécuritaire, mais également au point de vue économique. « Deux ans après, c’est avec regret que nous constatons un recul du processus de pacification de ces deux provinces. Bien au contraire, même les quelques terres et domaines publics de l’État sont en train d’être spoliés par ces animateurs de l’état de siège », souligne l’acteur de la société civile.
La mise en place de l’état de siège n’a, en effet, pas empêché les différents groupes armés de semer la zizanie dans les provinces concernées. Le plus redoutable parmi eux demeure le M23, devenu un véritable casse-tête pour les autorités congolaises.