Des affrontements ont éclaté, les 7 et 8 décembre derniers, entre les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et des miliciens dans la province du Kwango, située à l’ouest du pays et voisine de Kinshasa. Ces combats ont fait une vingtaine de victimes, tant du côté des miliciens que des militaires. Selon un premier bilan de l’armée, la situation sur le terrain semble s’être calmée ce lundi 9 décembre, bien que des tensions demeurent.
Les combats ont éclaté dans le territoire de Popokabaka, près du village Tsakala Ngoa, et ont opposé les FARDC aux insurgés Mobondo, un groupe rebelle né à la suite d’une crise intercommunautaire dans la région de Kwamouth. Ce mouvement rebelle a été la cause de l’opération militaire Ngemba lancée par l’armée congolaise pour tenter de stabiliser cette zone du pays.
Des victimes et des déplacements massifs
Les violents affrontements ont eu des conséquences dramatiques. Selon le porte-parole de la 11e région militaire, une vingtaine de miliciens ont perdu la vie, ainsi que deux militaires des FARDC, avec plusieurs blessés des deux côtés. Les combats ont commencé dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 décembre, lorsqu’une embuscade tendue par les miliciens aux FARDC a entraîné des confrontations violentes. Les forces armées ont réagi en poursuivant les opérations jusqu’au dimanche soir, cherchant à repousser les insurgés.
Cette intensification de la violence a provoqué des mouvements massifs de population. Plusieurs familles ont été contraintes de fuir leurs foyers dans la région de Popokabaka, à la recherche de zones plus sûres, accentuant ainsi la crise humanitaire déjà présente dans la province. Cette situation témoigne de l’instabilité persistante dans la région, où des conflits intercommunautaires exacerbent les tensions.
Les insurgés Mobondo et l’opération militaire Ngemba
Les insurgés Mobondo, à l’origine des récentes violences, sont issus d’une crise intercommunautaire dans le territoire de Kwamouth, dans la province du Maï-Ndombe voisine. Ce groupe rebelle a émergé il y a environ deux ans et a rapidement constitué une menace pour la sécurité de la région. En réponse, l’armée congolaise a lancé l’opération militaire Ngemba afin de contenir cette insurrection et rétablir l’ordre dans la région. Toutefois, les affrontements actuels démontrent que la situation reste volatile et difficile à maîtriser.
L’opération Ngemba a été mise en place pour combattre les groupes armés, principalement les miliciens Mobondo, mais aussi d’autres factions rebelles qui profitent de la confusion générée par la crise pour semer le chaos. Le territoire de Popokabaka, où les combats ont eu lieu, fait partie des zones sensibles de cette vaste opération militaire. Ce dernier épisode de violence met en relief l’incapacité de l’armée à totalement pacifier cette région, malgré les efforts déployés.
L’Est de la RDC et la crise entre l’armée et le M23
Parallèlement à la crise du Kwango, l’Est de la RDC continue de vivre sous le poids de la violence. Les combats entre les FARDC, soutenues par des milices locales, et les rebelles du M23, accusés de recevoir un soutien du Rwanda, se sont intensifiés début décembre. Ces affrontements se concentrent principalement dans la province du Nord-Kivu, dans des territoires comme Lubero, situés à environ 150 km au nord de Goma, la capitale de la province.
Les tensions entre la RDC et le Rwanda ont récemment pris une tournure diplomatique, avec des accusations mutuelles et un appel à la médiation internationale. Le soutien présumé du Rwanda au M23, un groupe rebelle principalement composé de Tutsis, a exacerbé la situation, et les forces congolaises se battent pour protéger la souveraineté du pays. Le rôle de l’Angola dans la médiation entre les différents acteurs de ce conflit est devenu primordial, et de nouveaux pourparlers ont été engagés pour tenter de désamorcer cette crise.
La médiation angolaise : une tentative de désescalade
Sous l’égide du Président angolais João Lourenço, des efforts de médiation ont été déployés pour résoudre le conflit entre le Rwanda et la RDC. Le mois dernier, un accord stratégique a été signé entre les parties, connu sous le nom de CONOPS. Ce qui a ouvert la voie à un désengagement des forces rwandaises du territoire congolais. Ce désengagement est un élément clé dans le processus de paix, qui inclut également la lutte contre les rebelles des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe paramilitaire accusé de crimes de guerre.
Malgré cette avancée, la situation reste tendue et les combats se poursuivent dans l’Est de la RDC. Les récentes escalades de violence montrent que la mise en œuvre des accords de paix reste complexe et nécessite une surveillance constante. C’est pourquoi le sommet tripartite prévu à Luanda, le 15 décembre, entre les présidents de la RDC, du Rwanda et de l’Angola, est capital pour faire le point sur les progrès réalisés et discuter des prochaines étapes.
Le sommet de Luanda pour un retour à la paix
Le sommet de Luanda, qui réunira les chefs d’État congolais, rwandais et angolais, représente une opportunité majeure pour désamorcer le conflit. Lors de cette rencontre, il sera question de l’application des accords de Luanda, notamment le retrait des troupes rwandaises et la poursuite des efforts pour stabiliser la région du Nord-Kivu et d’autres zones de l’Est du pays. Ce sommet pourrait également permettre d’établir des mesures plus concrètes pour la gestion des rebelles et des milices locales qui continuent de perturber la paix dans cette partie du pays.
Le rôle de l’Angola comme médiateur est de plus en plus reconnu, et cette réunion tripartite pourrait marquer un tournant dans la gestion du conflit. L’enjeu reste toutefois de taille : garantir que toutes les parties respectent les engagements pris et que les populations congolaises puissent enfin bénéficier d’une paix durable après des décennies de violence et de souffrance.