L’ex-milicien congolais Mathieu Ngudjolo Chui a été acquitté, en appel, par la Cour pénale internationale. Son expulsion vers la République démocratique du Congo a été suspendue. Et pourquoi donc ?
C’est ce vendredi 27 février 2015 que la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé, en appel, l’acquittement du Congolais Mathieu Ngudjolo Chu. Ses avocats, qui ont confié que leur client a été aussitôt interpellé dans les locaux de la CPI, ont indiqué avoir empêché son expulsion vers la République démocratique du Congo où leur client pourrait être en danger.
A peine libéré que Mathieu Ngudjolo Chu a été arrêté par la police néerlandaise dans les locaux de la CPI. C’est alors que ses avocats ont pressenti son expulsion vers son pays d’origine, la RDC, et ont introduit un recours visant à éviter le rapatriement de leur client dont ils disent craindre pour sa sécurité. Ses conseils se basent en effet sur le témoignage fait par leur client sur le rôle du Président Joseph Kabila dans l’organisation de sa milice et les crimes commis en Ituri au nord-est de la RDC, indique RFI.
De son côté, la CPI est d’avis que malgré ses accusations contre le chef de l’Etat congolais, le retour de Mathieu Ngudjolo Chui en RDC ne présente aucun danger pour lui. Mathieu Ngudjolo Chui est accusé par le bureau du procureur de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis lors de l’attaque de Bogoro, en Ituri, perpétrée le 24 février 2003, et qui aurait fait près de 200 morts parmi les civils. Un juge local a décidé de suspendre cette expulsion.
Selon Me Flip Schuller, l’avocat néerlandais de Mathieu Ngudjolo Chui qui s’est confié à RFI, « le gouvernement des Pays-Bas était vraiment déterminé à expulser mon client. Les autorités néerlandaises avaient décidé de le mettre dans un avion dés ce soir, à 20h30, en direction de la RDC, sans respecter la procédure. Durant toute la journée, nous avons essayé, en vain, de convaincre les services d’immigration pour leur dire que le cas de mon client est très sensible et qu’il nécessite du temps avant d’envisager une expulsion ».
L’avocat d’indiquer qu’ « au minimum le gouvernement des Pays-Bas devait attendre de voir comment la décision d’acquittement devant la CPI était perçue au Congo avant de décider d’expulser mon client : car ça reste très dangereux pour lui. Mais les Néerlandais étaient très pressés de le voir partir et ils ont bafoué ses droits ».
Et Me Flip Schuller de préciser que « c’est pourquoi on a décidé de saisir un juge local. Le juge néerlandais a alors demandé aux services d’immigration de stopper l’extradition pour permettre un procès juste et sérieux. On est très content ce soir pour deux raisons : pour la décision du juge de stopper cette expulsion, mais aussi pour son acquittement devant la CPI ».