RDC : 84 militaires des FARDC jugés pour meurtres et exactions au Sud-Kivu


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Des soldats congolais
Des soldats de la RDC

Le gouverneur du Sud-Kivu a ordonné l’arrestation de militaires accusés d’actes criminels dans la région de Bukavu, après une enquête menée par les services de sécurité locaux. Ces soldats ont été placés en détention à la prison centrale de Bukavu en attendant leur jugement. Les actes incriminés, notamment meurtres, tortures et viols, se sont produits sur l’axe Mudaka-Miti-Kavumu-Kalehe. Cette arrestation survient dans un contexte de violence accrue, marqué par les combats entre l’armée congolaise et le groupe M23, et des tensions internationales persistantes.

Le tribunal militaire de Bukavu a ouvert, ce lundi, le procès de 84 militaires des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), accusés d’assassinats et d’autres exactions contre des civils au Sud-Kivu. Ces militaires sont impliqués dans l’assassinat d’au moins neuf personnes dans la nuit du 7 au 8 février dans les localités de Kavumu et Miti, dans le nord de Bukavu.

Le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a annoncé que ces soldats avaient été placés en détention après des instructions directes de la Haute hiérarchie, et que les responsables seraient jugés et punis. Les autorités provinciales ont pris des mesures immédiates pour garantir que justice soit faite. L’arrestation des militaires a eu lieu le dimanche 9 février, après une série d’investigations menées par les services de sécurité locaux. Ces militaires ont été transférés à la prison centrale de Bukavu pour y être jugés.

Réunion de sécurité convoquée à Bukavu pour

Les faits incriminés se sont produits sur l’axe Mudaka-Miti-Kavumu-Kalehe, une zone située au nord de Bukavu, où les soldats accusés auraient commis une série d’actes répréhensibles. Selon les témoignages recueillis par la radio Okapi, les exactions incluent des meurtres, des tortures, des pillages, des vols et des viols. La gravité de ces actes a conduit les autorités locales à ouvrir une enquête urgente, à l’issue de laquelle une réunion de sécurité a été convoquée à Bukavu pour ordonner l’arrestation des militaires impliqués.

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Le gouverneur Purusi a souligné que l’enquête serait approfondie, et que toutes les mesures nécessaires seraient prises pour garantir que ceux responsables de ces atrocités soient tenus pour responsables. Le climat de tension a été exacerbé par les récents combats entre l’armée congolaise et le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda selon les autorités de Kinshasa, accusations que Kigali a systématiquement niées. Ces affrontements ont entraîné une situation de plus en plus chaotique dans la province, où les civils sont pris entre deux feux.

Environnement international particulièrement tendu

Les violences et les violations des droits de l’homme continuent d’être une source de préoccupation pour les organisations humanitaires et les défenseurs des droits de l’homme. Malgré l’accalmie relative qui semble s’être installée dans la province depuis le 8 février, où les forces armées congolaises et leurs alliés ont pris position face aux rebelles, la situation reste instable. Cette pause dans les combats intervient après des mois d’intenses affrontements dans l’Est du pays, notamment dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu.

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Les régions frontalières sont devenues des zones de guerre où les civils sont souvent les premières victimes de la violence. Le contexte de ce procès militaire s’inscrit dans un environnement international particulièrement tendu. Le 8 février, un sommet conjoint des pays membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) s’est tenu à Dar es Salaam, en Tanzanie. Les dirigeants présents ont exprimé leurs préoccupations face à l’escalade des violences dans l’est de la République Démocratique du Congo.

La perte de Goma qui a amplifié les tensions

Ils ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » dans un délai de cinq jours, dans le but de permettre une désescalade des combats et de soutenir les efforts de médiation. Ce sommet fait suite à la prise de la ville stratégique de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, par les rebelles du M23. Ce groupe armé, qui a repris les armes en 2012, est accusé de recevoir un soutien militaire du Rwanda, bien que Kigali ait fermement démenti ces accusations. Goma est un carrefour commercial et logistique vital pour l’Est de la RDC, et sa perte a amplifié les tensions locales, ainsi que les accusations réciproques entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo.

Les affrontements entre les forces congolaises et le M23 ont intensifié la violence dans cette région, et les tentatives de négociation ont jusqu’ici échoué à apporter une solution. Le M23, fort de ses appuis présumés, continue d’étendre son contrôle sur des territoires stratégiques, menaçant davantage de villes et villages. La situation en RDC reste préoccupante.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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