La République Démocratique du Congo fête son 63e anniversaire d’accession à l’indépendance. Entre insécurité dans plusieurs régions et baisse du pouvoir d’achat, cet évènement intervient dans un contexte difficile pour le pays.
Le 63e anniversaire de l’accession de la RDC à la souveraineté internationale relance le débat sur la situation générale du pays. D’emblée, le Président congolais n’a pas caché sa tristesse face à l’ampleur de l’insécurité dans l’Est du pays. « Certains de nos compatriotes, en ce moment précis, à l’Est, ne peuvent pas jouir de cette liberté que nous célébrons car victime de l’oppression de l’agresseur », a reconnu Félix Tshisekedi dans son discours.
Tristesse et remise en cause
Depuis 2022, la situation sécuritaire dans la façade Est de la RDC demeure préoccupante. Les rebelles ADF-Nalu et le M23 sèment la terreur dans cette partie du pays, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. En dépit de la présence de l’armée régionale de l’East african community (EAC) et des actions diplomatiques, l’Est fait toujours face à l’insécurité. « La célébration de notre indépendance est teintée de tristesse car notre intégrité territoriale est menacée par une force d’occupation étrangère », a déclaré M. Tshisekedi, déclenchant une pluie de réactions.
Pour l’opposant Moise Katumbi,« rien ne marche » au pays. Selon lui, « la démocratie recule ». Selon Patrick Nkanga, cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRDC), le mal est profond. Il appelle les dirigeants congolais à s’atteler à se doter d’« une armée et une police capables de sécuriser nos concitoyens ainsi que l’intégrité de notre territoire ». Ce cadre du camp Kabila appelle à une prise de conscience. « Soumettons-nous au respect scrupuleux de la Constitution, hâtons-nous à gérer dans la bonne gouvernance, afin de hisser très-haut notre pays », a-t-il écrit sur twitter.
L’insécurité dans l’Ouest aussi
L’insécurité dans l’Est du pays n’est que la partie émergée de l’iceberg. Dans la façade Ouest, un conflit communautaire entre les ethnies Teke et Yaka a causé une flambée de violents et le déplacement massif des populations. En octobre 2022, « 142 personnes tuées et près de 30 000 personnes » ont fui leurs maisons, selon le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). D’ailleurs, les populations de cette partie du pays n’ont pas pris part à l’enrôlement et l’identification des électeurs. Au sein de l’opinion, le doute plane sur la tenue des élections générales dans cette partie du pays suite à cette insécurité.
La crise économique
Sur le plan économique, le 63e anniversaire du pays intervient dans un contexte marqué par la dépréciation de sa monnaie face au dollar américain. Actuellement, un dollar américain se négocie entre 2400 et 2600 francs congolais. Une situation qui a un impact négatif sur le pouvoir d’achat. Selon Félix Tshisekedi, la guerre en Ukraine « a occasionné la hausse des prix mondiaux des commodités et des matières premières, de l’énergie et des produits de première nécessité entraînant ainsi des pressions inflationnistes dans le pays ».
Les motifs mis en exergue par le Président congolais a suscité des vives critiques. Jean-Claude Katende, président national de l’association africaine des droits de l’Homme (ASADHO) pense que « le discours du Président Félix Tshisekedi à n’a pas du tout convaincu ».
Le discours du Pdt Tshisekedi à l'occasion de la fête de l'indép n'a pas du tout convaincu. Il a dit les mêmes choses, sans aborder les questions du train de vie des institutions, changement des mentalités et violation des Droits humains. Il a évité les questions qui fâchent.
— Jean Claude Katende (@JeanClaudekat2) June 30, 2023
Contexte électoral
Sur le plan électoral, cet anniversaire a été une occasion pour le Président de réaffirmer sa volonté pour la tenue des élections générales dans le délai prévu par la loi. « Je rappelle au Gouvernement de la République de continuer à faire sa part, notamment en prenant toutes les mesures nécessaires pour mettre des moyens financiers à la disposition de la CENI, en vue de la tenue des élections transparentes et crédibles, dans le respect des délais constitutionnels », a poursuivi Felix Tshisekedi.
A six mois de la tenue de ces scrutins, les différentes parties prenantes au processus électoral n’ont toujours pas accordé leurs violons. Le week-end dernier, par exemple, l’Église catholique, l’une des importantes confessions religieuses du pays, a menacé « de ne pas accompagner le processus électoral en cours » si elle ne fait pas preuve de transparence. Une frange de l’opposition reste jusque-là sceptique sur la neutralité de la CENI.
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