Le président congolais Joseph Kabila a donné 48 heures aux forces de l’ONU pour débarrasser Kinshasa des hommes en arme de Jean-Pierre Bemba. Passé ce délai, il menace de recourir à l’armée contre le candidat aux présidentielles qu’il vient de vaincre.
La situation se tend de nouveau à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). Mercredi, le président Joseph Kabila a verbalement demandé au chef de la Monuc (Mission de l’ONU en RDC), William Swing, « de faire quitter la ville aux soldats de Bemba » sous 48 heures, « ou alors c’est l’armée qui le fera », a indiqué à Reuters un responsable onusien. Joseph Kabila a été déclaré vainqueur des dernières élections présidentielles par la Commission électorale indépendante (CEI), contre le vice-président Jean-Pierre Bemba, mais il attend la validation des résultats par la Cour suprême de justice (CSJ) de Kinshasa. Jean-Pierre Bemba a déposé samedi un recours auprès d’elle contre les chiffres annoncés par la CEI.
Mardi, le bâtiment administratif a été en partie incendié lors d’une manifestation pro Bemba. La foule avait auparavant interrompu une audience chargée d’examiner le recours de son protégé. Le lendemain, les trois blindés de la Monuc chargés de la sécurisation de la CSJ se sont éloignés pour laisser place à la 7è brigade de l’armée nationale. Son déploiement massif devant et aux abords du bâtiment a alimenté la tension dans la capitale.
« Bemba prêt à évacuer une partie de ses hommes »
Les forces de l’ordre et les milices de Jean-Pierre Bemba s’étaient déjà affrontées en août dernier, ainsi que le 11 novembre. Les combats avaient fait de nombreux morts et les Kinois redoutent aujourd’hui un regain de violence. Mercredi soir, le ministre de l’Intérieur Denis Kalume a appelé le vice-président à « neutraliser » les éléments « incontrôlés » de sa garde, estimant qu’il fallait « trouver une solution pour les éloigner », indique l’AFP. La veille, le camp Bemba avait condamné les actes de « vandalisme » perpétrés contre la CSJ et nié toute implication de ses éléments armés dans les violences, tout en dénonçant « l’utilisation abusive de la force contre la population venue soutenir son candidat ».
Selon un diplomate occidental interrogé mercredi soir par l’AFP, « Jean-Pierre Bemba a l’air d’accord pour faire évacuer au moins une partie de ses hommes rapidement sur Maluku », une localité située à environ 80 Km à l’est de la capitale congolaise et où le vice-président a une résidence. Selon la BBC, le président du Mouvement de libération du Congo (MLC) a droit à près de 100 hommes armés pour sa garde rapprochée, en sa qualité de vice-président du gouvernement de transition, mais il pourrait en héberger près de six cents dans le terrain qui jouxte sa résidence.
Jeudi Matin, une cinquantaine de militaires de la garde rapprochée de Bemba ont quitté sa résidence kinoise pour Maluku dans des camions des Forces armées congolaises. Mais il n’est pas certain que ce mouvement réponde à l’injonction de Joseph Kabila et de son ministre de l’Intérieur. « Il se peut que le vice-président aille se reposer à Maluku (où il a une résidence), a déclaré à l’AFP un officier issu du MLC. Les éléments affectés à sa garde sont partis avant. C’est la procédure normale ».
Dernière mise à jour : jeudi 18h50