La Cour pénale internationale a levé mardi les scellés du mandat d’arrêt émis en 2006 à l’encontre de Bosco Ntaganda, surnommé « Terminator ». Ce chef rebelle est poursuivi pour enrôlement d’enfants soldats dans l’Est de la République Démocratique du Congo, mais Human Rights Watch l’accuse aussi de massacres à caractère ethnique.
Bosco Ntaganda est wanted. La Cour pénale internationale a levé mardi les scellés du mandat d’arrêt qu’elle a émis en 2006 à l’encontre de ce chef rebelle. Bosco Ntaganda, surnommé « Terminator », est donc désormais officiellement recherché pour crimes de guerre. La CPI veut l’entendre sur son rôle présumé « essentiel dans l’enrôlement et la conscription d’enfants âgés de moins de quinze ans dans les FPLC (des Forces patriotiques pour la libération du Congo, la branche armée de l’Union des patriotes congolais, UPC) et dans leur utilisation aux fins de les faire participer activement à des hostilités ». L’ancien soldat de l’Armée patriotique rwandaise aurait commis ces exactions entre juillet 2002 et fin décembre 2003 dans la province de l’Ituri, dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
« Massacre de groupes ethniques »
La CPI, qui compte « sur toutes les autorités nationales et acteurs concernés pour contribuer à son arrestation », avait transmis le mandat d’arrêt à Kinshasa dès qu’elle l’a émis, en 2006. Mais Bosco Ntaganda n’a jamais été appréhendé, en dépit des détails fournis sur sa localisation. Ce milicien trentenaire rwandais ou congolais, selon les sources, est le quatrième suspect que l’instance judiciaire internationale souhaite juger pour crimes de guerre. Elle détient déjà à La Haye (Pays-Bas), où elle est basée, Germain Katanga, Mathieu Ngudjolo et Thomas Lubanga Dyilo, l’ancien chef de l’UPC dont le procès doit s’ouvrir le 23 juin.
D’après Human Rights Watch (HRW), Bosco Ntaganda et Thomas Lubanga Dyilo ont commis ensemble de nombreuses exactions. L’organisation américaine des droits humains « a rassemblé des centaines de témoignages de survivants fournissant des informations sur les crimes graves qui auraient été commis par l’UPC lorsque Lubanga et Ntaganda étaient à la tête du groupe. Ces crimes comprennent le massacre de certains groupes ethniques, particulièrement les membres du groupe ethnique Lendu ». HRW accuse aussi le binôme de « meurtre, torture, viol ». Faisant référence à Ntaganda, Anneke van Woudenberg, chercheuse principale sur la RDC à HRW, a déclaré que « la CPI devrait l’accuser de tous les crimes dont il est coupable, afin de permettre aux victimes d’obtenir la justice qu’elles poursuivent désespérément ».
Le CNDP prudent
Pour que Bosco Ntaganda rende des comptes, il faudra le capturer. HRW espère que le chef rebelle Laurent Nkunda se chargera de cette mission. Son Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) est l’un des 22 groupes armés ayant signé avec le pouvoir l’accord de paix de Goma du 23 janvier. Or, le « Terminator » est actuellement le chef d’Etat major du CNDP dans les deux Kivus (Est). « Si Laurent Nkunda prend véritablement l’accord de Goma au sérieux, alors il doit immédiatement livrer Ntaganda à la CPI. C’est l’opportunité parfaite pour Nkunda de mettre en pratique ses serments publics en faveur des droits humains », a indiqué Anneke van Woudenberg.
« Un criminel de guerre présumé, recherché par la cour la plus importante du monde, ne devrait pas pouvoir vivre librement au Congo, a poursuivi la responsable de HRW. Si Nkunda ne le remet pas à la CPI, les forces de maintien de la paix de l’ONU devront tout faire pour arrêter Ntaganda le plus vite possible ». Le CNDP a réagi par la voix de Kambasu Ngeve, membre de son comité politique : « Si l’information [sur le mandat d’arrêt] s’avérait vérifiée, je crois qu’il faudra que la direction politique du CNDP se réunisse et se prononce à ce sujet ». Quant à livrer le suspect si les allégations à son encontre étaient certifiées, Kambasu Ngeve est resté prudent. « C’est le chef d’état-major général de notre armée. Et s’il y a des accusations qui sont faites contre lui au niveau de la Cour pénale internationale, je pense que nous devons nous réunir pour nous prononcer ».