Son nouveau disque est un retour à ses vieilles amours. Et, sa mise en scène, une démonstration de la maîtrise de son art. Certains l’appellent musicologue, d’autres, musicographe. Ray Lema se reconnaît simplement comme un artiste. Cet homme qui a mené des recherches musicales dans plusieurs ethnies de son pays, la RDC, a su livrer au reste du monde les fruits de son travail. « L’autre face de la musique ! », m’a-t-il dit dans les coulisses !
Lundi 29 mars dernier, à 20 heures 30 sonnées, au Café de la danse à Paris, Ray Lema avait rendez-vous avec son public parisien. L’occasion était bien indiquée : la sortie de son nouveau disque exclusivement piano, et dont le titre se rapporte au nom de sa propre mère : « Mizila ».
Une salle intimiste, de par ses petites dimensions, remplie par ceux qui savent apprécier avant tout sa musique, jeunes et moins jeunes. Un micro, un piano, des effets de lumière ; le décor est planté. Le public est en majorité…blanc. Il en a l’habitude. Il commence son concert en chantant a capella. Devant un public rigolard, il s’excuse de ses « écarts de conduite ». Trois temps forts marqueront la soirée.
L’inattendu duo
A la surprise générale, Ray Lema fait venir sur scène Manu Dibango, sur lequel il ne tarit pas d’éloges. Et les deux gars, blagueurs sur scène, ne font plus deux mais quatre : Manu avec son inséparable saxophone, Ray avec son vieil amour de piano. En avant la musique pour deux chansons : « Soma Loba » de Manu et « Jamais kolonga », un standard des années 60, tiré du répertoire congolais.
S’apprêtant à exécuter le morceau « Pépé Fely Waku », Ray se lève, prend le micro et déclare : « La musique congolaise est connue pour sa vibration. A présent, je voudrais rendre hommage à un grand guitariste de mon pays, quelqu’un qui a révolutionné cette musique. Il s’appelle Pépé Felly Manuaku Waku. J’ai repris dans mon nouvel album un morceau qui lui appartient. Et je voudrais le rendre aux Congolais qui sont présents dans cette salle ». Le talent indéniable de Ray Lema au piano a rendu davantage émouvant ce morceau joué originellement à la guitare. Vibrations et applaudissements dans l’assistance. Pour la petite histoire, Manuaku Waku faisait partie de l’épopée du tout début de l’orchestre Zaiko Langa Langa (1969) avec, notamment, Papa Wemba, Evoloko, Nyoka Longo, Bozi Boziana, Gina Efonge, etc.
Ovationné !
Au terme de la chanson « C’est une Garonne », Ray déclare que son concert était dédié « à un ami qui vient de nous quitter, Claude Nougaro », le chanteur français. Avant d’ajouter le nom d’un autre artiste disparu, le jazzman Michel Petrucciani. Emu, satisfait, le public n’en finit pas d’ovationner Ray, pourtant déjà rentré dans les coulisses.