Rawb, R comme Reggae ou Réunionnais ; un nom qui s’impose de plus en plus dans le paysage musical reggae français. Distillant des sonorités originales, la musique de Rawb mérite le détour. Quelques jours seulement après la sortie de son single “Come Along”, l’artiste accorde un entretien exclusif à AFRIK.COM.
Entretien
C’est en 2017 que vous avez débarqué à Paris, directement de votre Réunion natale. Et l’aventure musicale commença. Racontez-nous comment vous en êtes arrivé là.
À vrai dire, je suis arrivé en métropole bien avant, après le collège. J’avais déjà commencé la musique à la Réunion avec quelques amis de mon frère en tant que bassiste, dès mes 13-14 ans et la graine était plantée ! Après je n’ai plus jamais arrêté…
Mais c’est vrai que c’est en 2017 seulement que j’ai vraiment pris la décision de « tenter ma chance » à Paris, autour d’un projet plus personnel. C’est arrivé après avoir passé 5 ans à travailler à l’usine, des années qui m’auront permis de mûrir et d’avoir le temps de comprendre ce qui comptait vraiment pour moi dans la vie.
Pourquoi le reggae ? Êtes-vous Rasta ?
C’est vrai que la question du style, je me la suis posée aussi puisque j’ai commencé par jouer du rock, du funk, du hip hop et plein de choses différentes, quand j’ai commencé à la basse au sein des différents groupes. Par contre, c’est vrai que, naturellement, quand j’ai pris la guitare pour m’exprimer et même écrire mes premières chansons, c’est le reggae qui ressortait. Je pense que les mélodies et le fait que ce soit une musique qui porte souvent un message m’ont beaucoup attiré. J’ai passé pas mal d’années à rapper aussi, surtout en impro et en français, mais je m’y retrouve un peu moins que dans le reggae.
Sinon, bien que j’ai un profond respect pour la spiritualité rastafari et que je m’y sois bien sûr intéressé de près, jusqu’à porter des locks pendant longtemps, je suis très loin de me considérer comme un « rasta » aujourd’hui. C’est d’abord lié au fait que ce ne soit pas ma culture, mais aussi à quelques déceptions par rapport à quelques personnes que j’ai pu côtoyer se disant rasta, qui m’ont encore moins donné envie de le revendiquer. Finalement là où je m’attendais à un mouvement ouvert et tolérant, j’ai parfois plutôt rencontré un cercle fermé, codifié où je trouvais difficile d’être soi-même…
Bref, je me suis rendu compte qu’on pouvait en partager les valeurs, être attiré par les mêmes choses sans forcément chercher à coller à l’image. D’ailleurs, je trouve que pour moi, les personnes les plus « rasta » n’en n’ont souvent pas l’air.
Par contre, je partage à 200% les valeurs que prônent la philosophie rasta même si je suis loin d’être parfait, je fais de mon mieux pour devenir quelqu’un de meilleur, chaque jour…
Les Rastas définissent le reggae comme une musique de rebelle. Est-ce également votre avis ?
Je ne pense pas forcément que ce soit une bonne chose de catégoriser et de donner toujours un côté grave à la musique. Si on écoute « Kinky Reggae » de Bob Marley ou plein d’autres titres qui ont marqué le reggae d’ailleurs, ce n’est pas tout le temps rebelle. Ça reste de la musique et donc un moyen comme un autre de s’exprimer.
Du coup, ça peut illustrer tout ce qu’un humain peut ressentir, un peu de joie ça fait jamais de mal, surtout en ce moment. Je pense que chaque artiste a une facilité à exprimer certaines émotions plus que d’autres, parce qu’il vibre avec ça.
Il faut juste trouver ça par rapport à soi et fouiller dans ce sens, sans trop se poser de questions. Si ça te fait toi-même de l’effet, peu importe que ce soit des choses légères ou plus sérieuses que tu chantes, tu véhicules quelque chose ; donc mission accomplie.
Mais bien-sûr, et encore plus aujourd’hui qu’à l’époque, grâce à toute l’information à laquelle on a accès, je ne sais pas comment on ne pourrait pas avoir envie de se rebeller au quotidien… Et le reggae est une musique assez puissante pour exprimer ça.
Et bien évidemment, de par son histoire, c’est une musique rebelle à l’origine comme le blues ou encore chez moi, le maloya… Après, on peut considérer ça comme un héritage et ajouter sa propre couleur à ça, tout en respectant les traditions.
Vous avez plusieurs singles à votre actif. Quel message véhiculent en général vos chansons ?
Le message qui revient souvent dans mes textes, c’est de faire ce qu’on veut de sa vie, d’aller au bout de chaque rêve qu’on a, de son expérience personnelle, sans se laisser décourager par ce que peuvent dire les personnes qui nous entourent. Mais aussi d’apprécier les choses simples, sans trop se prendre la tête, de savourer l’instant.
Je pense que si les gens trouvent ça naïf et que ça les fait sourire, c’est parce qu’ils savent à quel point c’est dur de vraiment le faire au fond, et je les comprends, c’est complètement à l’opposé de ce que le système prône aujourd’hui… C’est pour ça que je ressens ce besoin de le répéter encore et encore j’imagine.
Il y a quelques jours, vous avez lancé le single “Come Along” que nous recommandons d’ailleurs vivement au public mélomane. Racontez-nous l’histoire de ce morceau. Comment est-il né ?
C’est marrant parce que justement ce morceau est né de la volonté de proposer un son frais et joyeux. Après avoir composé pas mal d’autres titres qui parlent des jours compliqués qu’on vit tous en ce moment, peut-être plus sombres, mais qu’on trouve très forts (avec Trka), on s’est dit qu’on avait envie aussi de montrer cette autre facette de nous, qui a envie de belles rencontres, de partages, et remplie d’espoir. Du coup, j’ai écrit les lyrics en me replongeant dans mes souvenirs de festivals, juste après une bonne journée ensoleillée, une bonne douche et direction la main stage pour profiter du 1er concert…
Le lancement de “Come Along”, le 15 janvier dernier, précède la sortie de votre premier album, “The Beachfront”, qui doit également sortir cette année. Quand exactement ?
L’album sort le 9 avril ! On est très pressé de faire découvrir les autres sons aux gens après l’accueil très chaleureux de Come Along !
Vous êtes en duo avec Trka, comment se passe la collaboration ?
Trka, c’est vraiment 50% de Rawb. En plus d’être ingénieur du son, donc d’enregistrer mes pistes de voix, de guitare ou de basse, il est aussi beatmaker, donc compose chaque titre avec moi. Et puis, c’est aussi lui qui filme et monte les clips et qui, je l’espère, sera Dj en live dès qu’on pourra donner vie à tout ça !
Même si au départ, puisqu’il vient de l’électro, la collaboration n’était pas si fluide en matière de composition, aujourd’hui, disons qu’on forme un vrai binôme.
Vous ne chantez qu’en anglais, pourquoi ce choix ?
Alors, j’ai pu chanter en français sur un titre sorti l’année dernière (Wanderer), mais c’est vrai que je préfère m’exprimer en anglais. Pourtant c’est sûrement plus difficile pour moi, l’anglais n’étant pas ma langue maternelle. Mais c’est surtout une histoire de musicalité. Je suis un amoureux des sonorités anglaises, et c’est ce que j’écoute le plus, mes plus grosses inspirations sont anglophones, donc quand je fais des top lines sur nos instrus, ça ressemble déjà à de l’anglais, avant même que j’ai pu écrire.
Mais franchement c’est plus un feeling qu’un choix réfléchi. Peut-être un peu de pudeur aussi, surtout quand j’ai commencé. Chanter en anglais, ça me permettait d’exprimer des trucs personnels sans être compris à la première écoute par mon entourage… Même si aujourd’hui, je l’assume plus facilement.
Parlez-nous, pour finir, de votre prochaine tournée d’été
Franchement, j’aimerais beaucoup vous donner toutes les dates et les lieux, mais malheureusement, c’est encore très flou aujourd’hui. J’imagine, comme la plupart des artistes, et encore plus ceux qui démarrent. En plus, ce sera notre première tournée, donc tout reste à faire ! Mais ce que je peux vous dire, c’est que Flower Coast, le label qui s’occupe du booking du projet, depuis cette année, est sur les starting blocks et qu’à la moindre opportunité, on répondra présent !
D’ailleurs, si des organisateurs lisent cette interview, n’hésitez pas à checker notre son et si ça vous parle, à nous contacter, on est bouillant !