Le chef de l’Etat malgache a annoncé samedi, à Antsirabe, une véritable révolution économique et fiscale pour son pays. A partir de septembre, Marc Ravalomanana souhaite parvenir à la détaxation complète du matériel agricole et industriel et des biens d’équipements ménagers. Il entend également permettre aux étrangers d’accéder à la propriété. Son but : faire de Madagascar le paradis les investisseurs.
« Zéro douanes, zéro taxes d’importation, zéro coût pour les accises (impôt indirect, ndlr) sur les biens d’équipements, zéro TVA. » Lors du discours qu’il a prononcé samedi à Antsirabe, deuxième ville industrielle de Madagascar, le Président Marc Ravalomanana a annoncé « l’élimination de toutes les taxes » concernant les équipements agricoles et industriels (véhicules utilitaires tels que les tracteurs, taxis, ou transports en communs…), ainsi que les biens d’équipement ménagers et électroménagers. Il a également annoncé la possibilité prochaine pour les étrangers d’accéder à la propriété. Ceci, à condition d’investir dans le domaine touristique, industriel ou immobilier. L’agriculture et l’élevage étant exclus.
Une véritable révolution économique et fiscale destinée à attirer les investisseurs dans l’île de l’Océan Indien et permettre aux familles modestes d’équiper leurs foyers. En payant les biens ménagers pratiquement moitié moins cher que leur prix actuel. Autant de mesures qui auraient pu faire bonne figure dans le programme démagogique de réélection de n’importe quel chef d’Etat. Mais le Président Ravalomanana compte bien les mettre en œuvre à partir de septembre 2003 et sur un laps de temps de deux ans.
En solitaire
Seul problème, lorsqu’il a annoncé ces mesures, le Président malgache, de son propre aveu, n’en avait pas encore touché mot à son ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Radavidson Benjamin Andriamparany. Marc Ravalomanana avait joué le même tour à son ministre lorsqu’il avait annoncé voilà un mois l’abandon du Franc malgache au profit de l’Ariary. Une mesure qui avait effectivement été réalisée. Néanmoins, la presse malgache prenait encore des gants, mercredi, pour évoquer la réforme fiscale. Et ne proposait ses analyses qu’en précisant avec le plus grand soin, « si elles étaient effectivement appliquées » Midi Madagascar.
Le Président Ravalomanana a assuré qu’il rencontrerait rapidement le ministre de l’Economie, tout comme il devra très vite « s’expliquer avec le FMI (Fonds monétaire international, ndlr) et les autres bailleurs de fonds », sans le soutien desquels rien ne pourra se faire. Le déficit public qu’engendrera la réalisation des réformes fiscales promet d’être monumental. Et le chef de l’Etat malgache devra faire preuve de toute sa force de persuasion pour rallier à sa cause les bailleurs internationaux, traditionnellement frileux à se lancer dans de nouvelles expériences. Les craintes du gouvernement quant à ce ralliement ? Alors que l’Economie et les Finances n’étaient pas censées avoir été mises au courant de ces réformes, Afrik s’est entendu répondre par ce ministère qu’ « une étude de faisabilité avait été réalisée de longue date et qu’il n’y avait rien à craindre de ce côté là » !