La crise de gouvernance et les changements environnementaux privent d’eau potable un habitant sur cinq dans le monde. C’est ce qu’indique le deuxième Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, dévoilé à la presse jeudi dernier à Mexico. Il met l’accent sur la mauvaise gestion des ressources en eau.
Par Vitraulle Mboungou
1,1 milliard de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à des ressources suffisantes en eau potable. Le deuxième rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, intitulé « L’eau, une responsabilité partagée », démontre, en s’appuyant sur les conclusions du premier rapport de 2003, que la crise mondiale de l’eau résulte en grande partie d’une crise des systèmes de gouvernance qui détermine les modalités de distribution de l’eau. Ces systèmes décident « qui peut avoir quelle eau, quand et comment, et décident qui a droit à l’eau et aux services connexes ». Fruit d’un travail commun entre 24 agences des Nations Unies, cette deuxième édition présente, une semaine avant le 4e Forum mondial de l’eau (Mexico, 16-22 mars), une analyse approfondie de la situation mondiale des ressources en eau.
Nombreuses sont les personnes dans le monde (2,6 milliards) qui ne bénéficient pas de service d’assainissement. Une large majorité d’entre elles se trouve dans les pays les plus pauvres, notamment en Afrique subsaharienne. Cette situation quelque peu alarmante, peut se révéler être un obstacle majeur pour atteindre l’un des objectifs du Millénaire pour le développement, qui vise à réduire de moitié d’ici 2015, le pourcentage de la population privée d’approvisionnement en eau potable. La corruption reste selon le rapport, un des principaux problèmes qui nuit gravement à la situation. Par ailleurs 30 à 40% des ressources en eau ne sont pas comptabilisées à cause des raccordements illégaux et des fuites dans les canalisations et les canaux.
De plus en plus de catastrophes naturelles liées à l’eau
Ce rapport pointe également du doigt les catastrophes naturelles liées à l’eau. De plus en plus nombreuses, elles représentent 90% des catastrophes naturelles dans le monde. La mauvaise utilisation des sols en serait la principale cause. Il cite le cas du lac Tchad, qui a perdu près de 90% de sa superficie depuis les années 1960, essentiellement à cause du surpâturage, de la déforestation et de grands projets d’irrigation non durables. Parallèlement, les sécheresses, qui touchent chaque année différents pays d’Afrique de l’Est, sont un exemple frappant de la progression significative de ces phénomènes. Elles ont des conséquences tragiques aussi bien au niveau économique que sanitaire. De ce fait, des pays, comme le Mali, en Afrique de l’Ouest, dont l’économie dépend essentiellement de la production agricole, ont énormément du mal à faire face aux problèmes posés par la pénurie d’eau. Dans ce pays où 80% de la population a une activité agro-pastorale, le rapport préconise donc une meilleure maîtrise des ressources en eau.
L’absence de ressources en eau, en particulier pendant les périodes de sécheresse, a véritablement un effet dévastateur sur l’alimentation. Elle est en grande partie responsable de la crise alimentaire que connaît actuellement des pays comme l’Ethiopie, le Kenya et la Somalie. Depuis quelques temps ces pays sont effectivement confrontés aux problèmes de famine qui touchent leurs régions les plus arides. La sécheresse a entraîné dans ces pays une famine qui menacent 6,2 millions de personnes. Rappelons également qu’une eau de mauvaise qualité joue un rôle majeur dans les mauvaises conditions de vie et reste la cause de nombreux problèmes de santé. Elle est par exemple à l’origine des maladies comme le paludisme, le choléra mais aussi les maladies diarrhéiques. Ce deuxième rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau sonnent donc comme une alerte rouge aux différents Etats de la planète.