Daara J, la rap attitude africaine


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Boomerang
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Né dans le sillage du hip hop français, le rap africain a peu à peu développé sa propre identité. Si bien que la rupture est aujourd’hui consommée. Daara J, l’un des groupes pionniers du rap au Sénégal, jette un regard critique sur l’actuelle production française et milite pour une musique plus généreuse et plus constructive. Interview.

Voilà près de 10 ans que Lord Alaji Man, N’Dongo D et Faada Freddy se connaissent. Ensemble, ils forment Daara J (l’école de la vie en wolof), l’un des plus anciens groupes de rap au Sénégal. Tous issus de Dakar, les trois « maîtres de cérémonie » (ou MC, non donné aux rappeurs dans la culture hip-hop) ont trois productions à leur actif. « Daara J » en 1995, « Xalima » (la plume en wolof) en 1997 et Boomrang, leur dernier opus sorti en France en février dernier. Agés entre 27 et 29 ans, ils ont été témoins de toute l’évolution de la scène hip-hop dakaroise. Le discours posé, ils nous expliquent l’évolution du rap au Sénégal. Une musique qui, loin des modèles français ou américains, jouit aujourd’hui de sa propre identité culturelle.

Afrik : Quelle est l’image du rap au Sénégal ?

Daara J : Le rap, au Sénégal, comme en Afrique, était considéré au début comme une musique de voyous, une musique de déracinés. Il faut dire que le mouvement allait à l’époque avec un style vestimentaire qui pouvait choquer, le style zoulou (grosses chaînes, grosses baskets etc). Aujourd’hui, le rap sénégalais a développé sa propre identité. Ce n’est plus du « gangsta rap » (expression pour désigner le rap durs et violent, ndlr). Dakar n’est pas New-York. Et nous n’avons plus de complexe pour rapper notre propre réalité en wolof. Ce qui a permis une meilleure compréhension de nos messages de la part du public. Dès lors la musique a été mieux perçue. Elle est aujourd’hui une musique respectée, qui prend part aux changements dans le pays.

Afrik : Quelle est votre définition du rap et qu’est ce qui fait la particularité du rap sénégalais ?

Daara J : Le rap, c’est la révolution du verbe. Il nous permet d’aborder des problèmes de société en musique et d’éveiller les consciences. Au-delà de ça, le rap sénégalais est un outil de dynamisme culturel. Toutes les innovations du wolof viennent du rap. Il nous permet d’exploiter à fond la langue et participe à faire revivre les dialectes. Avant nous chantions en franco-wolof, maintenant c’est à qui parle le mieux le wolof.

Afrik : Quel regard portez-vous sur l’actuel rap français ?

Daara J : Il y a trop de rivalité dans le rap français. C’est un phénomène autodestructeur. Les textes du rap français tuent l’espoir d’une jeunesse qui est appelé à grandir. Ils parlent sans cesse de braquages, de poursuites et de gens qui saignent. Ils ne donnent pas envie d’avoir des enfants et de les voir grandir. Sans espoir, on n’a rien à donner. Le rap doit être généreux et ne doit pas s’apitoyer sur son sort. Mieux que l’espoir, il doit, pourquoi pas, apporter des solutions.

Afrik : Que pensez-vous d’un artiste comme MC Solaar ?

Daara J : Il a beaucoup fait pour le rap au Sénégal, en organisant notamment la Nuit du rap à Dakar. Nous avons un grand respect pour lui. Il a amené très loin le rap, dans des milieux où il était impossible d’entrer. Il nous a également beaucoup apporté sur le plan de l’écriture. Il est comme Gainsbourg ou Ndianga Mbaye (chanteur poète sénégalais, ndlr). Avec ses premiers albums, il a incité les mouvements rap de tout les pays francophones à aller vers une recherche dans l’écriture.

Afrik : Quels sont vos objectifs ?

Daara J : Bien travailler la promo de notre album (Boomrang, ndlr) pour qu’il soit bien perçu et écouté par un maximum de personnes en France et ailleurs. Pas simplement pour nous mais pour tout le mouvement rap au Sénégal. Du succès dépend beaucoup de chose…

Lire aussi : la chronique de leur dernier disque Boomrang

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