Les incartades répétées de la secrétaire d’État aux Sports l’excluent de plus en plus des rangs de son parti. Les cadres de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et le président Nicolas Sarkozy critiquent avec véhémence son manque de solidarité gouvernementale.
Rester la personnalité politique préférée des Français n’y changera rien. Les jours de Rama Yade paraissent comptés. Les cadres de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) ont sorti l’artillerie lourde pour acculer la petite dernière du gouvernement cette semaine. Un emballement médiatique hors norme à l’encontre de l’un des leurs, auquel même le chef de l’État français a pris part.
Nicolas Sarkozy a en effet déclaré ce mercredi à quelques journalistes invités à l’ Élysée que la secrétaire d’ État aux Sports avait « une difficulté à s’insérer dans une équipe quelle qu’elle soit », faisant référence aux difficultés de Rama Yade avec son ancien ministre de tutelle Bernard Kouchner et aujourd’hui, son incompatibilité d’humeur avec Roselyne Bachelot. Lassé par ce qu’il appelle ses « caprices», il a ajouté : « il y a un moment donné où il faut travailler en équipe, ou alors ce n’est pas possible ». Comprennent qui pourra. La violence des propos fait écho à l’irritation que provoquent chez le président les sorties de rang répétées de celle que beaucoup d’observateurs voient comme sa « créature politique ».
Dernière sortie en date, la prise de distance de Rama Yade à l’égard de son actuelle ministre de tutelle, en charge de la Santé et du Sport, Roselyne Bachelot, au sujet d’un amendement mettant fin aux exonérations de charges sociales pour les clubs sportifs, dans le cadre du droit à l’image collective (DIC) des athlètes. La jeune femme a fait savoir la semaine dernière qu’elle s’opposait à la proposition de sa supérieure hiérarchique, la jugeant « dangereuse » pour la « compétitivité du sport ». Une incartade qui a provoqué une fois de plus des remous au sein du gouvernement du Premier ministre François Fillon.
Cet épisode a obligé le chef du gouvernement français à intervenir. Il a rappelé à l’ordre sa secrétaire d’ État aux Sports mardi lors de la réunion hebdomadaire du groupe UMP à l’Assemblée nationale. « J’ai fait savoir à la secrétaire d’ État ce que je pensais de la méthode qui consiste à se désolidariser de son ministre. Il faudra en tirer les conséquences le moment venu », a-t-il déclaré. Le limogeage de Rama Yade ne serait plus qu’une question de temps, et un moment particulièrement attendu par ses pairs.
Son limogeage souhaité par ses pairs
Les prises de position indépendantes de Rama Yade énervent au plus haut point ses collègues. A l’origine de la fronde médiatique, le ministre du Budget Eric Woerth avait dénoncé son manque de solidarité dans les colonnes du Figaro samedi dernier. « Rama Yade va dans le sens de l’opinion publique et de sa propre clientèle. Ce n’est pas très courageux », pouvait-on lire.
Le lendemain, c’était au tour de la secrétaire d’Etat chargée de la famille Nadine Morano de monter au créneau sur la chaîne cryptée Canal +. Visiblement hors d’elle, la proche de Nicolas Sarkozy a ainsi lancé : « Quand on n’est pas d’accord avec la politique du gouvernement, on ferme sa gueule, ou on démissionne ». Des propos qui témoignent du ras-le-bol dans les rangs de la majorité.
La fronde de ses collègues de l’UMP ne déstabilise pourtant pas Rama Yade. Après avoir rendu la pareille à Nadine Morano, elle plafonne dans les sondages. Personnalité politique préférée des Français d’après un sondage paru dans le Figaro ce vendredi, ses positions tranchées et sa liberté de ton expliqueraient son succès. Gage de sa popularité, sa marionnette a fait son entrée dans les célèbres « Guignols de l’ Info » de Canal + en début de semaine.