Rajery, le « prince de la valiha », livre Sofera (Marabi productions), un quatrième album qui a pris corps au coeur du pays malgache. Pour le réaliser, il a créé sa propre formation et enregistré dans son studio a Antananarivo. Le lauréat du prix RFI Musiques du monde 2002 est, aujourd’hui, l’un des artistes les plus prestigieux de Madagascar.
Nous avons entendu récemment Rajery (prononcez « Rajer' ») en concert, au festival Babel Med Music, à Marseille en mars 2007. Cet artiste très célèbre à Madagascar, qui joue de la valiha (prononcez « vali »…), l’instrument à cordes typique de l’île, sorte de luth fait d’un bambou creux de 10 cm de diamètre et d’un mètre de long, Rajery donc est… manchot! Il n’a plus sa main droite, et, à le regarder – et à l’écouter – jouer, l’on se dit que son jeu relève du miracle – il soutient l’instrument avec son poignet.
Il nous offre ici ses compositions, qui puisent aux traditions des différentes régions de Madagascar, pays au patrimoine musical très riche, où chaque région a son identité musicale, dans des chansons qui sont toutes empreintes de cette douceur nonchalante propre aux îles, rythmes balancés, chœurs en répons, ambiance chaleureuse, même lorsque les rythmes se font plus vifs. Le son de la valiha est étonnant, quand on sait que les cordes en sont… des câbles de freins de vélo! Mais au final le son est rond, entre la kora et la guitare basse.
Rajery, qui est un artiste engagé – il a créé sur l’île un atelier de fabrication de valiha dans lequel il accueille pour les former à la musique des enfants des rues – aborde dans ses chansons des thèmes sociaux avant tout: mise en garde aux jeunes quant à leur fréquentations; critique des comportements volages de certains hommes mariés; dénonciation de la pauvreté et de l’insécurité qui minent le pays. Mais aussi, heureusement, hommages à son village natal, à son pays… ou à sa maman !